Time for some explanations - Adam & Eve.

Il accepta. Il acceptait de révéler sa réelle identité à notre fils. Il acceptait de voir les photos. Je l’embrassai doucement. Je me levai. Il s’assit sur le canapé alors que j’allais dans la bibliothèque chercher les albums photo. Je jetai ma robe dans l’escalier, j’irai la mettre en bas demain. J’écoutai un instant. Le tonnerre avait l’air de s’être calmé. Je me baissai pour prendre les albums, il y en avait deux. Un de moi, un de Sammy. Mes pieds étaient encore un peu humides, je pris donc mes précautions pour ne pas tomber sur le carrelage du couloir. Il y avait déjà les traces de mes pieds sur le parquet de la bibliothèque. Je fronçai les sourcils. Je revins dans le salon, allumai la lumière, et m’assis à côté d’Adam. Je lui pose le premier album, le mien, sur les genoux. J’ouvris la première page. Puis la refermai soudain. Je le regardai avec un sourire espiègle.

« On sera mieux en haut. »

Je pris les gros classeurs bleus, je les serrai contre ma poitrine en me levant. Adam en fit de même. Je pris la serviette que j’avais posée un peu plus tôt sur le canapé. Je regardai autour de moi, nous n’avions rien oublié. Nous sortions du salon. J’éteignis les lumières. Nous montions délicatement les escaliers, n’oublions pas que nous avions un petit monstre qui dormait en haut. La porte de ma chambre était encore ouverte. Nous entrions à l’intérieur. Je posai les albums sur le lit. Je le laissai entrer et je refermai la porte. J’allumai une des lampes de chevet. J’allai dans la salle de bain poser la serviette. Mais je savais que de toute façon, demain je l’emmènerai au sale. Je refermai la porte de la salle de bain, puis les deux portes coulissantes alors que je revenais dans la chambre. J’en fis de même avec les portes du dressing. Je m’approchai d’Adam. Je lui retirai doucement son pantalon. Il y avait des traces de terre, je n’allais quand même pas le laisser salir mes draps blancs xD. Je l’enlaçai ensuite, l’embrassant subrepticement. Je l’entraînai vers moi et vers le lit, où nous tombions en riant. Je me mis sous la couette, j’avais froid maintenant. Adam en fit de même. J’attrapai les albums photos. Couchés sur le dos, nous étions prêts à la découverte de mes photos. Je ne disais rien, je le laissai contempler les pages. De temps en temps, des légendes comme des dates ou des occasions étaient annotées. La première était une photo de moi alors que je ne devais avoir que quelques minutes. Mon père avait pris la photo. Les photos s’enchaînèrent. Je laissai Adam tourner les pages. Des photos de ma mère et ses cheveux courts, de ma grande sœur et moi dans un parc. Des photos de mon premier anniversaire. Toutes les photos de France passaient au fur et à mesure des pages. Je me rendais compte que tout cela me manquait beaucoup. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point j’aimais mon pays natal. De temps en temps, je commentais à Adam quelques photos, comme mon école, ou un lieu touristique très connu en France. Nous passions les photos. La dernière était une photo de moi enceinte, un ventre rond et énorme. Je détournai le regard. Je n’aimais pas cette photo. De profil, les cheveux sales, la tête fatiguée. J’avais eu du mal à dormir vers la fin de ma grossesse. Je refermai l’album et attrapai l’autre. Les choses allaient devenir plus intéressantes. Sammy à la naissance. Sammy a deux jours… J’avais pris beaucoup de photos de lui. Je n’avais pas vu le temps passer, que ce soit ces quatre ans ou la soirée. L’album était vide à la moitié. Je tournai la tête vers Adam.

« Maintenant, tu vas être sur tout le reste des photos, je te le promets. » Je posai l’album avec l’autre, sur la table de chevet. Je l’enlaçai. « Alors, pas trop barbantes toutes ces photos ? » demandai-je en riant.

Je me laissai aller contre lui, fermai les yeux. Je me sentais soulagée. Nous allions former une vraie famille.

Je pose ma tête sur ma main, posée sur mon genou. C’est parti pour le feuilletage…Elle referme le gros cahier, me privant d’un moment de concentration intense. Bah…. ?

« On sera mieux en haut. »

J’étais bien, sur ce canapé. Toute la mollesse de mon corps était en fusion totale avec ce sofa. Mais elle insiste et se lève. Je l’imite donc, n’ayant pas trop le choix. La fatigue refaisait surface, montant jusqu’aux bords de mes yeux devenus lourds. Il est quoi, dix heures du soir, et j’allais m’endormir comme une pomme. C’est pour ça que la position assise était préférable, pour ne pas pioncer sur une photo de Sam. Mais nous montions. Doucement, pour pas le réveiller. En haut des escaliers, on pouvait déjà voir l’intérieur de la chambre de la belle. L’étage était sombre, éteint par le soleil couché. Nous entrons, elle lance les classeurs sur le lit. Je regarde par la fenêtre, par laquelle la seule lumière encore présente passait encore. La lune reflétait presque sur son parquet. Cette lueur bleu/grise m’accompagna près d’elle. Elle allume une lumière, brisant cette ambiance douce et mélancolique. On ne voyait pas assez pour regarder les photos, je l’avoue. Cette lumière artificielle me brula tout de même les yeux, habitués par la noirceur de la nuit. Un peu assommé par ce réveil brutal, je ne sens qu’à moitié mon pantalon baissé jusqu’à mes chevilles. Je le fis glisser sur le sol et il alla rejoindre un coin de la pièce. Elle m’enlace, me tire vers le lit puis nous tombons. Elle rit, je la suis. Ca allait mieux, mais mon envie de pioncer allait s’accroitre, une fois allongé confortablement sur ce lit, enveloppé dans cette couette.

Le vent tapa contre la fenêtre. Il ne passa pas à travers la plaque de verre mais un frisson traversa mon corps déjà un peu refroidi par la pluie de tout à l’heure. Je rejoins Eve sous la couette, les albums photos en main. J’ouvre enfin le catalogue familial. Je découvre un petit bébé, une petite touffe blonde sur la tête. La photo datait de mai 1980. Ce n’était pas Sam…pour sur. Je fais défiler les pages. Je tombe sur Eve à chaque fois. Ah, d’accord, un album pour chacun. Elle a 6 ans, 8 ans, elle est blonde encore et j’ai du mal à la reconnaitre sur les photos. Ca paraissait tellement loin. Je vois ce qui paraissait être sa mère, et sa…sœur ? Elle lui ressemble, punaise. Je n’imaginais pas aussi peu d’écart d’âge entre les deux. Elle avait l’air d’être plus âgé qu’Eve sur les photos, même si elles se ressemblaient pas mal, j’arrivais bien sur à discerner le faux du vrai. Elle au parc, elle devant sa première bougie, son premier gâteau d’anniversaire. J’eus un sourire mélancolique. Ensuite des paysages inconnus, ceux de France surement. Une photo date de mai 90, dans un lieu qu'elle appelait Roland Garros. Elle avait donc 10 ans, et sa mère était également dessus. Elle avait un bandeau dans les cheveux et une paire de lunette sur les yeux. Sa mère pareille, sauf que son foulard pendait autour de son cou, et sa coupe de cheveux était beaucoup plus…consistante, dirons-nous xD Là encore une fois j’ai du mal à la reconnaitre. Elle avait tellement changé. Je vois, je crois, pour la première fois son père sur une photo. 96, ils sont dans une piscine apparemment. Ses cheveux étaient bruns. Elle avait donc commencé à se teindre les cheveux dès le début de son adolescence. J’arrivais déjà plus à la reconnaitre. Son album finit par son gros bidon. Elle n’a pas l’air très contente sur la photo. Je tournai ma tête vers elle, elle fuyait ce portrait d’elle-même. Je lui demanderais surement pourquoi plus tard. Même si ça avait l’air assez clair. Je lui tends le livre fini, elle me l’échange par celui de Sam. Première photo, premier jour sur Terre pour lui. 2004 paraissait si loin, mais si proche tout d’un coup. Je découvre une douzaine de photo, tous plus mignonnes les unes que les autres. Je suis heureux, fier, d’avoir rempli mon vide visuel à propos de lui, de mon fiston. L’album est déjà terminé. Elle me promet que j’allais l’aider à remplir le reste du classeur, par ma présence. L’émotion est présente dans mon regard. Je lui tends le bouquin photo.

« Je sais » Lui dis-je en insistant sur mon sourire, fier et ému.

Elle me demande si l’épreuve des photos n’avait pas été trop…éprouvante. Je ris un peu.

« Pas du tout… »

Nous nous retrouvions, l’un contre l’autre. A moitié nus. Je me sens bien, apaisé. Délaissé d’une charge qui me pesait, et ce depuis le jour où je sus son existence. Je crois que maintenant, tout allait bien, rien ne pouvait se mettre entre nous trois. J’embrasse son front. Je laisse sa tête se reposer dans le creux de mon cou quelques instants. Je ferme les yeux. J’allais m’endormir. Je me retiens, mais pour ne pas tomber dans l’inconscient tout de suite, il fallait démarrer une conversation. Comme elle avait l’air aussi bavarde que moi en cette fin de soirée, je pris les devants.

« Quel est ton programme pour demain ?... »

Elle avait toujours un programme dans la tête. Du temps à passer avec eux deux, c’est tout ce que je demandais.

Tout ce retour dans mon passé m’avait épuisé. Adam me prit dans ses bras. Apparemment, il avait aimé ce qu’il avait vu. Je posai ma tête sur son épaule. Je posai ma main sur son ventre, sur son dos. Il s’enquit du programme pour demain. A vrai dire je n’y avais pas réfléchi. Cela faisait longtemps que je n’avais pas passé un samedi avec Sammy. J’allais admettre mon ignorance à ce sujet. Je me reculai légèrement d’Adam. Je joignis mes mains sur mon oreiller et posai ma tête dessus. Je réfléchissais. Sammy me demandait depuis des jours pour retourner au zoo. Apparemment Maddie l’avait emmené pendant l’été et il voulait y retourner. Tout un plan se dessinait déjà dans ma tête. Mes lèvres s’étirèrent.

« On pourrait pique-niquer au parc, profiter un peu du soleil, emmené Sammy au zoo, et le laisser s’amuser sur les balançoires et les autres jeux du parc, qu’en dis-tu ? »

Je vis Adam sourire. Je supposais que cela lui plaisait. Je revenais me coller à lui. Ma jambe droite vint se frayer un chemin entre ses cuisses. Je levai les yeux vers lui. Ses yeux avaient du mal à rester ouvert. J’eu un petit rire. Je retirai ma jambe. Je poussai légèrement son corps pour qu’il se mette sur le dos, puis je me redressai. J’étais juste au-dessus de lui. J’étirai mon bras pour éteindre la lumière. Je passai ma main sur sa joue alors que je me remettais à côté de lui.

« Toi tu vas dormir. » remarquai-je avec un petit rire. « Je suis fatiguée aussi. Je préfère te souhaiter une bonne nuit maintenant, je sens que je vais m’endormir aussi. Je m’en voudrais de ne pas te le souhaiter ! »

J’eu un nouveau petit rire. J’attrapai la main d’Adam, de manière à ce qu’il revienne sur le côté. Je me retournai à mon tour. Je sentais maintenant son torse collé contre mon dos. Je sentis sa main se poser sur mon ventre. Je frissonnai. Je retournai juste ma tête, je cherchais ses lèvres. Je l’embrassai légèrement, puis je fermai les yeux. Je ne m’endormis pas tout de suite, mais bientôt je sentais une respiration lente et régulière dans mon cou. Adam s’était endormi. Je ne fis pas long feu non plus. Je me réveillai un peu plus tard, me rendant compte que je m’étais bel et bien endormie. Je ne luttais plus contre le sommeil, je le laissais venir à moi. Je posai ma main sur celle d’Adam, la serrai légèrement, et enfin tombai dans un sommeil complet.

J’ouvris les yeux vers quatre heures. Enfin c’est l’heure que je pensais qu’il était. J’étais totalement repue de sommeil. J’étais en forme, ou presque. Je n’avais qu’une envie, c’était de me lever. Mais j’avais tellement envie de rester à côté d’Adam. Je restai un peu dans le lit. Lorsqu’il avait senti que je bougeais, il s’était remis derrière moi. Entre temps il avait du se remettre sur le dos. Je ne voulais pas le réveiller, je préférais qu’il dorme. J’aurais tellement voulu me réveiller à ses côtés. Mais je ne pouvais pas encore attendre quatre heures à ne rien faire dans le lit. Au bout d’un moment, je me libérais doucement de son emprise, prenant soin de ne pas le réveiller. A pas de loup, j’ouvris une des deux portes du dressing. J’attrapai une robe bustier violette. Je repartis dans la chambre, j’allais sortir de la pièce. Je m’approchai d’Adam, et l’embrassai du bout des lèvres. Je me retournai et marchai sur son pantalon. Je fis une grimace. Je pris le pantalon et le posai sur le bord du lit. Son portefeuille tomba mais je le rattrapai avant qu’il n’heurte le sol. Avec un sourire, je le pris avec moi. J’étais curieuse de savoir ce qu’il cachait. Je sortis de la chambre.

« Je t’aime. » murmurai-je.

Je refermai la porte avec précaution. Je descendis doucement les escaliers. Je déposai le portefeuille sur la table de la cuisine. J’allumai la lumière mais je remarquai que quelques rayons de soleil perçaient déjà. En fronçant les sourcils, je sortis mon téléphone de mon sac qui était resté sur le plan de travail. Il était cinq heures et quart. J’ouvris de grands yeux étonnés. Et bien, on pouvait dire que j’avais fait la grasse matinée ! Je ris toute seule. J’avais besoin d’un bon café. Je mis donc la machine en route. Je déjeunerai plus tard, avec Adam s’il ne se levait pas trop tard. Je pris le temps de nettoyer le sol de la cuisine, sali par nos pas hier soir. Accaparée par mon ménage, je ne vis pas passer le temps. Il devait être sept heures ou huit lorsqu’Adam, l’air endormi apparu sur le pas de la porte de la cuisine. J’étais en train de trier tous les papiers qui étaient près du frigo. J’étais assise à la table de la cuisine, le portefeuille était à côté de moi, je n’y avais même pas touché.

« Bonjour, mon rayon de soleil ! » dis-je, souriante et relevant la tête.

Mes mots se perdirent dans ma couette, mais Eve avait tout de même reçu le message. Ma voix n’émettait plus grand-chose. Mes paupières allaient se refermer toute seule, les pauvres. Elle cache sa tête dans son coussin. Puis tourne son visage dans ma direction. Elle ne dit rien, pas tout de suite. Je me demande si elle réfléchit, bug, ou si elle allait tomber dans un profond sommeil d’un moment à l’autre. Je reste, moi, sur le dos, en la regardant sourire enfin. Elle me propose son programme pour la journée de demain. Sans surprise, j’en suis ravi. Je le lui montre, sans ajouter un mot. Un autre moment d’intimité sur le gazon, avec une petite personne en plus cette fois ci. J’imaginais déjà une belle journée, ensoleillée. Nous, marchant dans le parc, jusqu’à l’endroit qu’on appelait aussi le zoo. Singes, éléphants, le petit blondinet essaiera de les imiter, en leur jetant à manger au loin, pendant que moi et elle, nous tenant la main, nous rigolerons à ses mascarades. J’avais hâte. Plus rien ne m’empêchait maintenant de dormir. Je ferme les yeux, les rouvre quand elle me parle. J’allais céder, vite. Elle remarque que je suis sous le point de pioncer like a patate. Me le fait remarquer. Je n’aime pas trop sa remarque, je ne sais pas pourquoi. Mais m’en fiche un peu. J’étais trop fatigué pour ça. Elle continue à parle, sa phrase s’allonge, le son de sa voix s’adoucis et progressivement, descend de volume, pour enfin atteindre le néant. Elle me tire vers elle, ou derrière elle plutôt. Mes yeux sont fermés depuis un bon moment, avant de partir au pays des rêves, je tenais quand même à lui souhaiter bonne nuit…

« Bonne nuit » Dis-je, dans un souffle.

Je garde mon torse contre son dos, mais sais que dans une bonne vingtaine de minutes, je m’enlèverais pour mieux trouver le sommeil. J’adorais son contact, mais je n’arrivais pas à vraiment dormir comme ça. Etrange, j’en suis conscient. Il devait être maintenant plus de minuit. L’horloge défilait. Quelques heures après, je fus bousculé dans mon inconscient par un petit bruit. Quelque chose tomba par terre. Je m’en remis très vite et repartis dans les bras de Morphée. Un rayon de soleil vint m’extirper de mon sommeil, enfin. Je regarde ma montre, posée sur la table basse. Il est un peu plus de sept heures et demie. Mon heure de réveil habituel. A quelques minutes près. Les jours de cours, c’était un peu plus dans les taux de six heures et demi, sept heures. Je me sentais à peu près bien, ce matin. Pas de réveil qui me tue les oreilles, qui me fait frôler une crise cardiaque à chaque fois. Je m’étais fait réveillé par le soleil, si ça n’augurais pas une belle journée ça, je n’y connaissais rien. J’esquivai mon pantalon posé au bord du lit. Il est crade, je ne vais pas mettre ça. Je n’ai rien d’autre à me mettre sous la main. Mon sac de sport est en bas, dans la bibliothèque. Oh et puis tant pis. Eve m’avait vu plus déshabillé que ça, et Sam, devait dormir encore, je pense. Je me lève, sors de la chambre. J’avais le torse nu, les jambes également. Rien que mon boxer réussissait à cacher ce qui restait de cachable. Je pousse la porte entrouverte de la chambre de mon fils, il dormait encore, le pouce dans la bouche. Je souris, et descends les escaliers, sur la pointe des pieds. Je tourne directement à gauche, une fois en bas. Je vois Eve, fresh as a daisy, en train de trier des papiers. Elle ne changera donc jamais. Elle me sort sa phrase qui sonnait déjà comme un classique du genre. Je lui souris, la rejoins, et la contourne en embrassant son front. Je me pose derrière elle, l’enlaçant délicatement. Je pose ma tête sur le haut de son crâne, en prenant soin de ne pas trop appuyer avec mon menton.

« Je parie que tu es réveillé depuis au moins deux heures… »

Je rigole un peu, enlève mes bras autour de son buste, puis me mets à ses côtés. Je remarque mon porte feuille, posé là, à côté de sa main. Je fais une grimace, prend un air faussement choqué. Un sourire en coin, je lui lance une petite remarque, bourrée d’ironie, pour changer.

« Tu me voles pendant mon sommeil, toi maintenant ? »

J’embrasse à nouveau son crane et part en direction de la bibliothèque. Elle peut apprécier la vue de mes fesses surement contractées dans le boxer presque trop petit pour moi. Je sais qu’elle regarde, je tourne alors la tête, avant de passer la porte de la cuisine, plisse les yeux et lui lance un regard plus malicieux que jamais. Ce n’est pas tout mais je commençais à me les cailler ici bas, moi. J’arrive rapidement dans la bibliothèque, et sors un pantalon à pince beige de mon sac de sport. Je l’enfile et trouve un polo vert, Lacoste. Je le mets et me dirige à nouveau vers la cuisine. Elle est toujours derrière la table, je m’approche d’elle mais pas trop. Là je prends l’insigne en forme de crocodile et le tend vers elle.

« Eh, regardes moi ça… » Je le tends bien pour qu’elle le voit. « Lacoste, ce n’est pas un français lui ? » Je lâche mon polo et pars en direction du frigo. Avant cela, je lâche un « Hehe » en haussant les sourcils.

Même pas fait exprès, pour le coup de la marque mais faut me pardonner, je suis encore sous le coup de la fatigue…ou pas.

Je devais vraiment avoir l’air d’une alien à dormir aussi peu, à être debout de bon matin à ranger des papiers. Adam devait certainement pour une maniaque venue d’une autre planète. Je souris, honteusement. Je le sentis derrière moi. Je fermai les yeux. Chaque seconde à son contact devait être vécue comme si c’était la dernière. Je ne savais pas de quoi était fait demain. C’était un peu ma façon de vivre, encore plus avec Adam. Je ris à sa remarque.

« Presque trois figure-toi ! J’ai du ouvrir les yeux vers quatre heures. Je suis restée un peu avec toi. Mais il fallait que je me lève, que je fasse quelque chose. J’espère que tu ne m’en veux pas. »

Adam remarqua son portefeuille posé sur la table. Encore une fois prise la main dans le sac. Lorsque j’étais avec lui, la plupart des efforts que j’avais faits pour être une femme espionne forte, discrète, partait en fumée. Il me désemparait totalement, m’arrachait mon armure. En fait, ça me faisait du bien. J’étais moi-même, je ne jouais pas une sorte de rôle. Il n’avait plus qu’à comprendre le français et il me comprendrait de bout en bout. J’haussai les épaules.

« Je voulais voir si je pouvais y trouver quelques livres sterling. Mais je n’ai pas encore eu le temps d’effectuer ma mission. »

Je lâchai un petit rire. Il se retourna, partant certainement chercher de quoi s’habiller. Je tournai la tête en sa direction, mes yeux se posèrent sur ses fesses, délicatement serrées dans son boxer. Je me mordis l’intérieur de la lèvre inférieure. Retenez-moi ou je lui saute dessus. Il tourna la tête en ma direction, ayant bien compris que je contemplais son postérieur. J’haussai les épaules.

« Mmh, quelle belle vue. »

Il sortit de la cuisine. J’attrapai son portefeuille. Je l’ouvris d’abord du côté des papiers d’identité. Je voyais son permis de conduire. Je plissai légèrement les yeux. J’avais oublié, enfin, non, pas oublié, mais disons que j’avais pensé à autre chose depuis, que son anniversaire était le 7 octobre. J’eu un sourire en penchant la tête. J’avais déjà une petite idée de quoi lui offrir. J’eu un petit rire en voyant la photo sérieuse de son permis. Etonnant de sa part, Adam était souriant la plupart du temps. Je retournai le portefeuille pour voir de l’autre côté. Quelque chose sortit légèrement. Fronçant les sourcils, je tirai délicatement dessus. Je soupirai, avec un sourire. Adam avait gardé notre photo. Lorsque j’étais à Londres, il nous arrivait aussi de sortir xD. Pas beaucoup, mais nous ne sommes pas non plus restés enfermés pendant six semaines. Nous avions fait deux photos identiques dans un photomaton. J’aimais sa tête légèrement endormie dessus. J’avais quelques mèches rousses dans les cheveux. Mon sourire s’étira un peu plus, m’arrachait presque une petite larme. Je l’entendis revenir. Je ne bougeai pas. Il se place pas loin de moi, et me montre le crocodile de son t-shirt. J’eu un petit rire. Il était encore endormi pour sortir des stupidités pareilles. Mais c’était aussi une des choses que j’aimais chez lui. Le voir encore endormi à dire n’importe quoi… Il se retournait vers le frigo.

« Pour déjeuner, j’ai envie de dire que tu as le choix entre les confitures de Maman, ou, et je pourrais parier que tu vas choisir cette option parce que tu es comme connecté avec Sammy, et que tu es resté un grand enfant (et que j’aime ça), les chocapic de Sammy ? »

J’eu un petit rire. Je ne lui laissai pas le temps de répondre. Mon ton se fit un peu plus sérieux et nostalgique.

« Adam, tu… Tu as gardé notre photo. Je ne pensais pas que tu le ferais. »

Je tenais la photo comme si elle était un diamant, avec précaution. Elle me remontait quelques années en arrière. Un petit goût de paradis. Je me levai, venais à sa rencontre. J’avais toujours la photo dans mes mains. Je l’embrassai.

« Je t’aime. »

Presque trois heures, hein. Je me demande ce qu’elle avait bien pu faire pendant tout ce temps. Elle n’aime pas rester trois heures dans son lit à rien faire. Je la comprends, c’est comme faire une sieste forcé dans l’après-midi alors qu’on n’est pas fatigué. Le matin, fatigué ou non, je privilégiais toujours un bon posage de tête sur coussin à un rangement de la maison, lequel qu’il soit. Pour moi le matin c’est sacré, c’est l’heure du repos. Une limite naturelle était imposée, bien entendu. Pas plus de 9 heures, les jours de travail. Pas plus de 12 durant le reste de l’année. Après midi, la journée défilait toujours plus vite. Et je n’aimais pas gâcher mon temps. C’est tellement précieux. Et se lever à quatre heures du matin pour trier des lettres, pour moi, c’était du temps gâché, ni plus ni moins. Mais je ne lui en veux pas, chacun ses traumas. Alors comme ça elle me volait, et tout ça pour quelques pièces anglaises. Elle était d’humeur nostalgique ce matin ? Elle n’y avait pas encore touché, ça se voyait. Je n’ai rien a caché, donc je m’en fiche. La voir à la recherche d’un doux souvenir me faisait plus sourire qu’autre chose. Je vais en direction du frigo, me chercher un petit yaourt aux myrtilles, mais elle me coupe en plein vol. Confiture ou Chocapic. Damned. Elle me connaissait si bien que ça ? C’était si évident que ça, la ressemblance entre moi et mon fils ? Surement. Elle aime mon côté grand enfant, je le sais. Moi aussi. J’aimais son petit côté petite mamie à elle. Elle se lève avec les poules. Adore faire le ménage. Excelle en cuisine, notamment en dessert. Elle fronce alors les sourcils, sa nostalgie apparente de tout à l’heure refait surface. Cette photo était restée dans ce portefeuille depuis le jour où on les a prises. Elle n’a jamais quitté cet endroit. Je ne l’ai jamais enlevée de là. Je ne l’avais pas regardée depuis un sacré bon bout de temps. Elle me foutait le cafard cette photo. Mais pas question de m’en séparer.

« Évidemment que je l’ai gardé,…j’avais peur de ne plus savoir à quoi ressemblais ton visage, avec le temps… » Dis-je, en baissant le regard à terre.

J’avais arrêté de la regarder, cette photo, avec le temps, justement pour l’oublier. Jamais je n’aurais pu croire à nos retrouvailles. Pour moi c’était fini, j’avais laissé partir la femme de ma vie. Etrange, hein, comment même au bout de six semaines à peine, je savais que c’était elle, la seule et l’unique. The one. Parfois, dans mes nuits difficiles et mélancoliques, je m’allumais deux trois clopes à la suite, et approchait la flamme du briquet de cette photo là. Effacer tout souvenir, pour mieux avancer. A chaque tentative, un échec. Pas de cran, pas le courage d’affronter la réalité, une once d’espoir résidant toujours en moi. Au final cet espoir avait finit par se concrétiser. Comme quoi dans la vie il ne faut jamais baisser les bras. Ne jamais perdre confiance et espoir. Elle se lève, viens m’embrasser. Il ne fallait pas laisser passer sa chance une deuxième fois. J’allais profiter à fond. Pas de doutes là-dessus. Elle me dit qu’elle m’aime, je lui souffle la même chose dans l’oreille. Je ne voulais plus de ce cliché. Il était devenu obsolète. Si elle me le remettait dans mes affaires, je n’hésiterais plus pour le brûler cette fois ci. Je m’éloigne un peu d’elle, va pour préparer mon bol. Je sors le lait du frigo. Un bol du placard. Une cuillère du tiroir. Je cherche un peu les céréales et les trouve rapidement. Je dépose le paquet sur la table (de céréales..xD), et m’accoude au plan de travail, à côté d’elle, en attendant que le mon bol ne chauffe.

« Gardes la si tu veux… »

Je lui souris. J’eus un petit regard nostalgique. Il y avait prescription désormais. J’étais prêt à aller de l’avant.

Je fuyais le regard d’Adam. Je comprenais qu’il avait été mal pendant des années, moi aussi d’ailleurs. Cela renforçait encore un peu plus la culpabilité que j’avais en moi. Je n’aimais pas le voir malheureux, et encore moins par ma faute. Il fit chauffer son bol et attendit à mes côtés. Je me hissai sur le plan de travail pour m’y assoir. Je l’attirai vers moi, je le serrai dans mes bras. Je caressai sa tête comme parfois je caressais celle de Sam. Il me proposa de la garder. Je fis non de la tête.

« J’ai également gardé la mienne. Dans le tiroir de ma table de chevet. Garde-là, s’il te plait. Et puis nous en ferons d’autres. »

Je relevai sa tête que j’emprisonnais de mes mains. Je l’embrassai doucement, encerclant sa taille avec mes jambes. La sonnerie du microonde nous rappela –une nouvelle fois- à la réalité. Je le libérai de mon étreinte pour qu’il puisse chercher son lait. Je descendais du plan de travail, et me posai devant la table. Je redéposai la photo sur la table. A lui de voir ce qu’il allait en faire. Je voulais qu’il la garde, mais je n’allais pas le forcer. Je regardais un instant les deux piles que j’avais faite. Une allait pour la poubelle. Je la pris donc et ouvrit la porte du placard sous l’évier. Je déposai tous les papiers dans la poubelle. Je revins devant la table. Je pris la deuxième pile et me dirigeai vers la bibliothèque pour déposer les papiers. Je revins dans la cuisine, Adam était assis, attendait que ses céréales ramollissent dans son bol. Je repris ma tasse de tout à l’heure et me versai un deuxième café. J’y mis un sucre et un peu de lait cette fois-ci. Je la posai sur la table, en face d’Adam. Je sortis deux petites cuillères et un couteau, la baguette d’hier soir. Je fis un détour par la table. Puis je revins vers le frigo. J’en sortis le beurre et de la confiture de rhubarbe. Enfin je pouvais m’assoir et déguster mon petit déjeuner. Hum, pas tout à fait. Je me relevai, et allumai la radio. Je mis le son au minimum, pour qu’on puisse entendre les nouvelles en bruit de fond. Je m’assis enfin. Je découpai un morceau de pain dans la baguette, et le tartinait de beurre et de confiture. Avec la deuxième cuillère, je tournai mon café pour que le sucre remonte un peu. Je trempais ma tartine, puis mordis dedans. J’attendis le temps d’avaler, puis pris la parole.

« J’avais pour idée de m’introduire dans ta maison et te voler ton petit déjeuner british. Puis je me suis ravisée. Je me suis contenté de ton portefeuille, il est peut-être un peu tôt pour aller te cambrioler. »

Je ris légèrement à ma remarque bourrée d'ironie et poursuivis mon petit-déjeuner. Nous rions ensemble, nous sourions. Je touchai ses pieds sous la table. Ce n’était pas réellement intentionnel. Il fallait que je m’habitue à avoir un homme en face de moi à table, ou même dans mon lit. Aucun homme n’était passé par ici depuis que j’habitais cette maison. J’étais néanmoins enchantée que cet homme fût Adam. De toute façon je ne pensais pas avoir pu laisser un autre homme entrer dans ma vie de cette façon si Adam n’était pas revenu. Lorsqu’il eu terminé, et moi aussi, j’attrapai son bol et mes couverts que je mis dans le lave-vaisselle. Je relevai ma robe qui commençait à descendre. Je n’aurai peut-être pas dû enlever les bretelles de mon soutien-gorge. Je me remis en face d’Adam, posait la paume de mes mains sur la table, me penchait légèrement en sa direction. Avec un sourire malicieux, je lui lançais :

« Et si tu allais réveiller notre fils ? »

Il accepta. Je le regardai se lever. Avant qu’il ne sorte de la cuisine, je l’attrapai et l’embrassai. Je le laisser monter. Il était huit heures et demie passé. Ma mère était certainement debout. J’attrapai mon téléphone et l’appelait.

Elle avait sa propre photo bourrée de nostalgie. Dommage. Elle me refile ma copie, je l’ignore tout d’abord, la laissant en plein milieu de la table. Puis la prends finalement. Après tout qu’est-ce que ça change ? Pas grand-chose. Elle a raison, on en fera d’autres. Je cacherai alors mon ancien cliché par d’autres photos plus récentes. Et non plus par peur d’oublier son visage, mais pour montrer au monde entier s’il voulait bien l’entendre, que j’étais heureux et que ceci était le visage de ma bien aimée, et cela est la bouille de mon fils. Plus de peur, trop de fierté. Mon bol sonne, je vais le chercher. Je passe rapidement des micro-ondes à la table, par excès de chaleur. Oui, j’aimais bien faire chauffer mon bol genre 3 ou 4 minutes. Je détestais me rendre compte que mon lait était devenu tiède après avoir mélangé le sucre et le cacao. Au moins là, aucuns risques. Je fais glisser mes céréales dans mon bol, puis attends un peu que ça ramollisse. Le lait bouillant se chargeait d’apaiser les pétales de blé au chocolat. Elle se prépare son petit-déj, allume la radio, mange en face de moi. Puis me lance une remarque. Marrante, celle là. Je souris, rigole un peu. Elle frôle mon pied avec le sien. J’eus un petit frisson. La regarda avec passion, la cuillère dans la bouche. Je finis mes céréales, boit mon lait, ce qui me rendit assez fier de moi-même vu la rareté du truc. Eve débarrasse. Ne sachant pas quoi faire j’attends, elle arrive vers moi. Je sens une proposition arriver. Réveiller Sam ? Notre fils ? Le « notre » me faisait particulièrement du bien. Je ne crois pas qu’elle ai déjà utilisé la première personne du pluriel devant moi, pour désigner Sammy. Cela me fit chaud au cœur. Autant que sa proposition, d’ailleurs.

« J’y vais »

Je me lève, elle m’embrasse, comme pour me souhaiter bon courage. Il devait être un peu moins que neuf heures. Je ne sus pas vraiment si Sam était encore endormi, mais si sa mère me demande d’aller le réveiller (et vu qu’il a une pendule dans le cerveau), c’est qu’il doit avoir ses habitudes. Je monte les escaliers, et pousse à nouveau la porte. Il avait l’air de dormir. Je m’approche de son lit, me baisse et lui caresse la tête.

« Maman ? »
Je souris. Maman ? Pas vraiment, non.
« Non c’est… »
« Adam ? »
« C’est moi »
Il baille fort, se dandine sous sa couette.
« Elle est où Maddie ? »
« Maddie ? »
«Oui, Maddie, tu es son papa, non ? »
« … »

Il connaissait mon nom. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais j’en fus heureux. Par contre il croyait toujours que j’étais le vieux de cette fameuse…Maddie. Je sautille un peu sur le lit.

« Allez debout, bonhomme »
Il grogne un peu et se cache avec la couette.
« Tu ne veux pas déjeuner ?... » Pas de réactions. « Il y a des Chocapiiiic ! »

Il défait violemment sa couette puis tend les bras. Un énorme sourire aux lèvres. Un autre câlin ? Avec plaisir. Je l’enlace, mais il ne me lâche pas, insistant pour que je le lève. Je m’exécute et finit par le tenir dans mes bras jusqu’à ce que je descende les escaliers, rejoindre Eve. J’arrive devant la cuisine, Sammy dans mes bras. Il voit sa mère et grossit les yeux en criant son nom (aka « maman »). Je le descendais pour qu’il puisse se ruer dans les bras de sa mère. Je souris à cette image, des mes deux êtres chéris en train de s’enlacer. J’avais entendu quelque chose tout à l’heure, en haut….Je vois le cellulaire fixe sur la table. Je fronce les sourcils. Je mène mon enquête.

« C’était qui au téléphone ? Je t’entendais parler tout seule, d’en haut. »

Sammy rigole, je ne sais pas pourquoi ni d’où ça sort. Nous étions un couple, avec un enfant sur les bras, alors plus aucune cachoterie, siouplait.

Je plaçai mon téléphone à l’oreille, et de mon autre main, j’ouvris la porte qui donnait dehors. J’attrapai une cigarette que j’allumais. Je jetais négligemment le briquet sur le plan de travail. Je fis quelques pas, toujours pieds nus, et m’assis sur les marches qui menait à la pelouse. Au bout de quatre sonneries, Stephanie Mason décrochait enfin. J’avalai une bouffée de nicotine, puis la recrachais. Je repensais furtivement aux paroles d’Adam la veille au soir. Il fallait que j’arrête…

« Eve ! Quelle bonne surprise. J’étais justement en train de te préparer de la confiture. » Je roulai des yeux.
« Maman, j’en ai déjà plus de cents pots dans ma cave ! » Je ris légèrement pour lui faire comprendre que je n’étais pas énervée.
« Et bien ça t’en feras un peu plus ! » Je pouvais très bien imaginer son sourire satisfait.
« Eve tu es en train de fumer ? » J’ouvris de grands yeux, haussant les sourcils d’exaspération. Des fois, elle pouvait être chiante.
« Hum, maman, je voulais savoir si Papa, toi, Emma et les jumelles faisiez quelque chose demain ? »
« Je ne sais pas encore, je dois leur demander. En tous cas ton père et moi n’avions rien de prévu. Les jumelles sortent tous les week-ends, et se lèvent à pas d’heure le dimanche. Elles en profitent avant la fac. Mais peut-être que je peux les dissuader, je sais qu’elles aiment venir te voir. » Et blah, et blah, et blah. Elle ne s’arrêtait jamais quand elle commençait à parler. « Pourquoi ma chérie ? »
« Et bien, euh, il y a quelqu’un à la maison. »
« Madison ? »
« Euh non, euh, Adam est là. »
« Adam est là ? Tu t’es enfin décidé à l’appeler ? »
« Maman, calme-toi ! » J’eu un petit rire. « Non, en fait, il vient d’Athens. Il est revenu ici pour sa mère. Il travaille au lycée maintenant. »
« C’est fabuleux ma chérie ! J’en conclus que tu lui as dit pour Sammy ! »
« Oui, il est en train de le réveiller. Tu me rappelles quand tu leur auras demandé ? »
« Je vais faire ça dès que les jumelles seront levées. Je suis vraiment contente si tu savais… »
« Je dois y aller maman, à plus tard. »

Je coupais court à la conversation. Ma mère avait la fâcheuse habitude de ne jamais s’arrêter de parler au téléphone. J’étais tout le contraire. En fait, j’étais comme mon père. Il met son téléphone en silencieux pour ne pas avoir à y répondre. Parfois embêtant pour un chirurgien-dentiste. Je me relevai, repartis en direction de la maison. Je jetai au passage ma cigarette dans le pot prévu à cet effet. Je laissai la porte ouverte pour laisser l’air rentrer. Je posai mon téléphone sur la table. Adam arrivait au même moment, Sammy sur les bras. Je souriais. Le voir avec son fils me réjouissait. C’était comme la promesse d’une vraie famille, ce que l’on construisait petit à petit. Il déposa Sam au sol. Ce dernier couru vers moi en criant « Mamaaaaaaaan. » Je le pris dans mes bras à mon tour, et l’embrassai sur la joue. Il se serra contre moi. Par-dessus sa tête, je lançais un regard malicieux à Adam. Il fixait la table et mon téléphone.

« C’était qui au téléphone ? Je t’entendais parler tout seule, d’en haut. »

Je fus surprise par son ton suspicieux. Sam eu un petit rire à mon oreille. Je fronçai les sourcils à mon tour. Je le reposai par terre. Il alla lui-même fouiller dans le placard pour y trouver son coussin et, pour la première fois, il le mit correctement sur le banc. Je m’approchais de lui et passai une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. J’inspectais un instant son pansement alors que je le prenais dans mes bras pour l’assoir sur son coussin. Tout allait bien. Je reportai mon attention sur Adam. Je souriais. Etait-ce moi où l’ambiance avait l’air plus tendue d’un coup ?

« J’appelais ma mère, tu sais, pour le barbecue demain. »

J’élargi mon sourire et m’approchai de lui. Je le pris dans mes bras et l’embrassai sur la joue. Avant qu’il ne me demande le résultat de la conversation, je continuai.

« Elle va certainement venir. Elle me rappelle plus tard. »

Je me retournai vers Sammy. Je lui sorti un bol que je remplis de lait. Adam m’annonçait qu’il allait dans la bibliothèque pour un temps. Bien. Je le laissai vaquer à ses occupations pendant que je m’occupais de Sam. Je lui fis chauffer son bol. Il attrapait déjà la boîte de chocapic. Je lui ramenai son bol chaud et le laissai le remplir de céréales. Je m’assis sur un autre banc, croisant mes jambes. Je le contemplai alors qu’il mangeait. J’étais tellement fière d’avoir Sammy pour fils, et surtout qu’Adam soit son père. Je savais que le temps où nous allions tout lui avouer était très proche. J’avais l’impression de marcher sur des œufs alors je décidai de sécuriser mon parcours.

« Mamy viendra peut-être demain. »
« Ouaiiiiiiiiiiiiis. » Il ne dit rien d'autre pour exprimer sa joie. Mais c'était déjà beaucoup. Il aimait tellement sa grand-mère. Je savais qu'il aimera autant sa grand-ère paternelle lorsqu'il la rencontrera. XD
« Sammy, tu l’aimes bien Adam, hein ? » Il ne s’arrêtait pas de manger.
« Oui. C’est le papa de Maddie, non ? » Je fronçai les sourcils, étonnée. Où avait-il été cherché ça ?
« Non, non. Le papa de Maddie, hum… Maddie n’a pas de papa. Enfin si elle en a un. Mais elle ne le connait pas. »
« Comme moi. » Je fis une moue gênée. Il n’avait pas l’air troublé par sa remarque.
« Oui, enfin non, Sam. Tu vas bientôt le connaître. Il va revenir à la maison. »
« C'est vrai??? Mais alors, toi et euh, papa, vous allez vous remettre ensemble, hein, dis ? » Il me fit sa petite moue irrésistible. Je souris malicieusement. Il grandissait si vite.
« Oui, bien entendu. »
« Et alors, Adam va partir ? » Il semblait triste. J’allais vraiment l’embrouiller. Mais plus tard, il comprendra. Et quand je dis plus tard, c’était vraiment très proche.
« Non. »

Il remit le nez dans ses céréales. Il n’avait pas compris. Je lui caressai la joue. Il termina vite son bol. Je me levai. Je lui servis un verre de jus d’orange, pour qu’il prenne son cachet, après avoir débarrassé la table. Une fois qu’il eu avalé ses médicaments, je le hissai hors de la table. Comme je le pensais, il couru vers la télévision, pour regarder quelques dessins-animés. Je sortis de la cuisine, et allais retrouver l’objet de mes pensées. Adam était assis à mon bureau, son ordinateur ouvert devant lui. Je restai à la porte, m’appuyant sur l’encadrement.

« Tu voudrais peut-être prendre une douche ? »

Je souris une nouvelle fois malicieusement. Puisqu’hier soir il m’avait dit « une prochaine fois, peut-être », je supposais que cette fois-ci était la prochaine dont il aviat parlé.

« J’appelais ma mère, tu sais, pour le barbecue demain. »
« Ah, d’accord. Et alors ? »
« Elle va certainement venir. Elle me rappelle plus tard. »
N’aimant pas vraiment ce genre de non-réponse, je souris difficilement, elle se tourne vers Sammy.
« Ok. Je vais dans la bibliothèque, j’ai quelques e-mails à envoyer… »

Elle était déjà repartie s’occuper du petit. Bon tant pis pour le bisou. J’aime bien être sur de mes plans, que ce soit pour la journée ou pour la suivante. Je ne supportais pas être en suspend. Tout devait être clair là-haut, pour ne pas provoquer de colère impromptue causée par une déception quelconque. Si elle vient, c’est cool, pas de problème, mais je veux être fixé. Parce que si sa famille nous faisait faux bond maintenant, on aurait pu prévoir un plan de rechange. Faire quelque chose avec Sam, par exemple. Même si on pouvait aussi le faire aujourd’hui. Tous les jours à s’occuper de notre enfant, me convenait parfaitement. Le pire serait de nous dire qu’ils viennent, pour ensuite annuler à la dernière seconde. Et inversement. Je pouvais être bien pointilleux sur certains points, Eve le savait désormais. Je me sépare d’eux, me sépare de la cuisine, passant par la porte fenêtre. Je passe par la salle à manger. Je les entends parler au loin alors que je suis dans le couloir.

«… Il va revenir à la maison… »

Entendis-je de loin. Ah, elle avait choisit le moment du petit-déjeuner pour lui annoncer la nouvelle ? Assez dur à imaginer, elle me l’aurait dit avant. Et puis le moment de la dégustation des Chocapic est quelque chose de sacré. Elle n’oserait pas le chambouler, des céréales dans la bouche, si ? Je reste un peu au milieu de l’entrée. Hésitant sur le fait d’espionner ou pas. Ce n’est pas mon métier après tout, pas comme certains xD J’avance un peu mais ma main reste cramponnée à l’encadrement de la porte de la bibliothèque.

« Et alors, Adam va partir ? »

Bah merde. Elle le lui a dit ? Je sens une crampe dans le bas de mon ventre. La panique commence à se rependre en moi. Je ne devais pas la laisser gagner cette fois ci. Je ravale ma peur et va me poser, comme prévu, sur le bureau de ma belle. On verra ça plus tard. C’était leur moment. Je n’avais pas à réagir, à intervenir pour l’instant. Afin d’esquiver tout ça, j’ouvris ma sacoche et en sortit mon MacBook Pro. Un engin assez cher mais qui valait son prix. Every penny of it (♥). J’allume la bête, ma souris s’occupe d’entrer directement dans ma boite mail. Depuis quelques jours, j’avais cette idée présente en tête. Me focalisant sur le résultat que pourrait avoir ce geste. Je sors de ma valisette mon carnet d’adresse. Mon doigt glisse jusqu’à la lettre P. La première lettre du nom de mon agent immobilier. Et ce depuis mon premier appartement. C’est en plus de cela, un très bon ami à moi. J’aimais m’entourer de gens de confiance. De mon barbier jusqu’à mon boss. Les choses avaient un peu changés depuis quelques années. Etant donné mes nombreux voyages. Mais j’ai toujours gardé mes contacts à jour. Je gardais le contact le plus souvent par email. Plus pratique. Je trouve son adresse, je la retranscris sur mon écran. Quelques questions simples me venaient à l’esprit. Je réfléchis et finit par réunir tout ça par écris, via mon clavier souple et agréable au toucher. Le message final donnait à peu près ça :

« Bonjour Casey,
Il faut qu’on se voie, qu’on s’organise un rendez-vous. J’ai besoin de renseignements sur la maison, celle d’Athens, que tu m’as vendu il y a peu.
Ma situation a quelque peu changée, je t’expliquerais les détails de vive voix.
Tu connais mon numéro, si tu as besoin de m’appeler.
J’espère que la femme et les enfants vont bien.
A très vite.
Adam. »

J’entendis la télévision s’allumer. Par reflexe je ferme ma fenêtre, une fois le message envoyé. Je surfe un peu sur internet. Prends des nouvelles des Lakers, des films à l’affiche en ce moment au cinéma, puis la remarque arriver. Elle me parle, je me retourne, un sourire aux lèvres. Pas de cachoteries, hein…oui bon, rien de méchant là-dessous. Une douche ? Mon sourire s’accentue.

« Seulement si tu m’accompagnes… »

Je ferme mon Apple, me lève et va à sa rencontre. Je l’enlace, l’embrasse. Je pense à mon petit projet. Qui allait, je l’espère, se concrétiser pour faire partie d’un projet plus gros, qui la concernait elle et le petit. Je la serre contre moi, puis lui prend la main.

« Tu viens… »

Je la laisse me suivre, attachée à mon bras. Cette fois c’était elle qui me suivait, et non l’inverse. Un symbole de mon envie nouvelle, peut-être. Déterminé, optimiste, papa, amoureux, la vie est belle. (a)

Adam s’approchait de moi. Je le laissais m’embrasser, me prendre dans ses bras, me prendre la main pour sortir de la pièce. Je le laissais totalement prendre le contrôle de la situation. J’étais totalement à lui et je ne voulais être à personne d’autre. Je ne pensais pas qu’il allait comprendre mon sous-entendu. Mes sourcils se froncèrent un instant. Je l’arrêtais.

« Tu ne prends pas tes affaires ? »

Je lui souris. Je n’avais rien contre le fait qu’il se balade à poil dans la maison, mais nous n’étions pas tous seuls xD. Je lâchai sa main et le regardais faire le chemin à l’envers. Je ris un peu à sa bêtise. Il reprit ma main. Je l’arrêtais une nouvelle fois, devant l’escalier. Je passai la tête dans l’encadrement de la porte. Sam regardait toujours la télévision. Je m’approchais de lui et m’arrêtais derrière le canapé. Je lui embrassai le haut du crane.

« Je changerai ton pansement tout à l’heure d’accord ? »

Il hocha la tête, ne relevant même pas son visage vers moi. Il devait être encore un peu tourmenté par notre conversation d’avant, dans la cuisine. Je souris. Il allait très bientôt savoir. Je comptais même lui annoncer après son pansement. Mais d’abord, une bonne douche s’annonçait. Elle ne pouvait d’ailleurs s’annoncer que bonne si je la partageais avec l’homme de mes rêves (a). Je le rejoignis devant l’escalier. Je souriais devant son air amusé. Je ne pensais pas dire ça mais vivement que cette douche finisse. J’avais vraiment hâte que Sammy sache qu’Adam était son vrai père, réellement hâte. Je voulais qu’Adam et moi partagions des moments de complicité devant Sam, que nous formions cette vraie famille dont je n’aurais même pas osé rêver il y a encore quelques semaines. Nous montions tous deux les marches des escaliers. Il était devant moi, me tenant la main. Cela me ramenait en arrière. Je nous revoyais dans son appartement alors qu’il m’emmenait dans sa chambre. Je fermai les yeux. Nos ébats passionnés me revinrent en mémoire, ce qui m’arracha un soupir. Je ne pourrais jamais assez qualifier ma satisfaction de le voir, maintenant, à mes côtés. Nous arrivions dans la salle de bain. Je fermai la porte et m’appuyai dessus. Je le laissai poser ses affaires. Sans un mot, je m’approchai de lui. Je retirai son polo. Je l’envoyai sous la fenêtre. Je l’embrassai doucement, puis descendis lentement le long de son cou. Ma main s’égara sur ses fesses, puis remonta le long de sa colonne vertébrale. Je sentis ma robe glisser le long de mon corps. Elle s’écrasa à mes pieds dans un bruissement de tissu. Je me retournai, le laissant dégrafer mon soutien-gorge, et l’enlever. Je tentai de ne pas trop laisser mes émotions s’emporter. Je refrénais les battements de mon cœur. Je soupirai un peu plus fort lorsqu’il posa ses mains sur mes hanches. Je fermai les yeux, serrai les dents. Son corps épousait le mien. Mon shorty tomba à terre. Je me mordis la lèvre inférieure. Je décollai mon corps du sien, je me faisais violence pour ne pas me retourner et lui dévorer les lèvres. Je m’approchai de la baignoire, je grimpai dedans. Attendant qu’Adam me rejoigne, je tournai le bouton de l’eau et réglai la température. Je préférais prendre des douches bien froides, parfois bouillantes. Je savais qu’Adam préférait l’eau tiède, ni trop chaude, ni trop froide. Cela me rappelait quelqu’un. Je calai donc la température vers 37°. Adam grimpa à son tour dans la baignoire, et fermait le rideau. Je me retournai vers lui alors que l’eau nous coulait dessus par le pommeau accroché au mur. Je ne fis rien d’autre que le regarder dans les yeux pendant bien cinq minutes. Puis j’attrapai le gel douche, et entreprit de le savonner. Je fis couler le savon dans la paume de ma main. Je le frottai légèrement dans mes mains, puis posai mes mains sur le torse d’Adam. Je caressai tout son corps par l’intermédiaire du savon. J’attrapai le pommeau pour le rincer. Puis je le lui donnai pour qu’il m’arrose un peu, j’avais un peu froid. Ma main se posa sur son ventre, puis remonta jusqu’à sa joue. Encore une fois je touchai du bout du doigt sa cicatrice qui avait le don de m’intriguer. La question me brûlait littéralement les lèvres.

« Je suis curieuse de savoir comment c’est arrivé. Je suppose que tu ne t’es pas cogné après une table à l’école. »

J’eu un petit rire. J’essayai d’oublier la proximité et la nudité de nos corps. Il faisait un peu trop chaud maintenant que j’y pensais.

Elle me coupa dans mon élan. Ah oui, mes affaires. C’est mieux avec que sans. Je venais de m’habiller, je n’allais donc pas en changer. Mais il fallait tout de même monter ce foutu sac, afin d’éviter une nouvelle balade matinale demain. Je lâche sa main, tapote mon index sur mon front en souriant, puis rebrousse chemin. Je chope le sac, et reviens vite vers elle. Nous nous préparons à monter les escaliers mais elle m’arrête. Quoi encore, j’ai oublié ma brosse à dents ? Pensais-je avec ironie. Non, juste Sam. Elle lui informe en gros qu’on monte, lui dit implicitement qu’il doit rester calme jusqu’à notre retour. Je baisse les yeux, les fixe sur le sol un instant. Je me demande comment il a réagi à l’annonce de sa mère. Je me demande d’abord si elle le lui a fait. Pas sur. En tout cas, aucune réaction de l’autre côté. Surement trop occupé à regarder Nickelodeon. Je le comprends. C’est tellement bien les dessins animés. C’est tellement mieux d’être un enfant. Rien ne vous atteint, vous n’avez pas encore l’âge pour ce genre de détails. Tout ce qui compte c’est les sucreries, ne rien faire de la journée et les jeux en tout genre. C’est très simple d’être un gosse, tu profites de la vie, sans te soucier de rien. Le mieux là dedans c’est que personne n’est là pour te le reprocher. T’es un mioche, personne n’attend de responsabilités de ta part. C’est peut-être pour ça que tous les adultes rêvent de revenir à cette époque, et que la plupart d’entre eux se battent pour garder une petite partie de cet état d’esprit dans leur corps d’adulte. Elle me rejoint, nous allons à l’étage, enfin.

Nos deux corps entrent dans la pièce qu’on surnomme la salle de bain. Je lance mon sac dans un coin de la salle, près de la double porte qui nous séparait de sa chambre, de son lit. Je la sens derrière moi, je me retourne. Elle m’enlève mon polo Lacoste. Je la regarde faire glisser sa robe le long de son corps. Le bout de tissus tombe à terre, je souris. Je dévore ses formes des yeux. Cependant, je n’avais aucune envie sexuelle, quelle qu’elle soit. J’admire juste le paysage. Avec un calme et une sérénité folle, je lui enlève son soutien-gorge, puis son shorty. Je regarde sa poitrine, ses fesses, comme si c’était la première fois. Mes yeux brillent devant autant de beauté. Une beauté subjective, mais une beauté quand même. Cette beauté comptait plus que toutes les autres, à mes yeux. C’est ça l’amour. C’est aussi croire que la personne qui est en face de vous est la plus parfaite en ce monde. C’est votre vérité, votre croyance. Et cette vérité définit votre amour pour cette personne. Scarlett Johansson pouvait avoir un cul d’enfer, Adriana Lima pouvait avoir une poitrine parfaite. Celle d’Eve Mason est la mienne, elle est ma propriété, et ce petit détail permet d’éclipser tous les autres culs du monde. Je la regarde monter dans la baignoire. Ce cul m’appartient, j’en suis fier, j’en suis amoureux. Je la suis, enjambe à mon tour la baignoire. Elle lance l’eau, sans discuter. Nos corps se collent à nouveau. Elle m’asperge d’eau, puis me savonne. Je ne la quitte pas du regard, me laisse faire. Ses doigts fins et délicats se chargent de laver ma peau. Elle me rince. Je prends le pommeau à mon tour, pour la garder à température ambiante. J’admire de haut, de près, ses deux seins. Je ne ressens toujours pas de désir sexuel. A vrai dire, je n’en avais pas envie, n’en avais pas besoin. Un de ses doigts mince vient toucher ma cicatrice. Je frissonne un peu. Paradoxal vu la chaleur. Elle se montre curieuse, veut connaitre l’origine de mes deux marques qui ornait mon visage depuis presque dix ans. Ma main rejoint son doigt, qui s’enlève pour que je puisse désigner correctement ma cicatrice. Sur ma pommette, une première. Je laisse mon ongle dessus pour qu’elle voie bien puis l’enlève.

« Darell … » Je pointe mon doigt sur l’autre marque, quasi-identique à la précédente, mais posée un peu au dessus, près de mon œil gauche. « …et Darell »

Je ris un peu bêtement, un peu nerveusement

« Je ne me souviens même pas pourquoi on s’était engueulés cette fois ci, mais je me souviens de son poing américain, qu’il s’était acheté…pour faire le gros dur surement…et qu’il avait décidé de tester sur mon visage…ce jour là »

J’ai beau me concentrer, je ne trouve plus la raison de cette fameuse engueulade. Je lève mon regard pour le déposer devant le sien.

« Il m’a frappé une première fois, j’ai résisté, et m’en a mis une deuxième… » Mes yeux se baissent à nouveau. «J’étais trop faible à l’époque…pour m’opposer… pour répliquer...»

Je secoue la tête, ne veux plus parler de cette histoire. Je lève la tête, et dépose un peu de gel douche dans le creux de ma main. J’imite ses mouvements, mes mains frottent sa peau divine. J’essaie d’éviter de repenser à cette histoire mais n’y arrive pas. Cela m’avait affecté. La preuve de ma faiblesse d’autrefois était toujours présente en moi, s’affichait aux yeux de tout le monde. Mais je n’étais plus le même homme désormais. Mon frère l’avait compris. Je décide donc de changer de conversation, une fois le corps d’Eve correctement rincé. Avant cela je dépose une noisette de shampoing sur mon crâne et la laisse frotter, le faire mousser. Je ferme mes yeux, par précaution, mais laisse ma bouche ouverte.

« Tu as parlé à Sam, de…moi ? Je vous ai entendus tout à l’heure, pendant le petit-déjeuner »

Je m’arrête là, sinon j’avale le nettoyant pour cheveux. Tant mieux je ne savais pas trop quoi ajouter à cela. Oui, ou non ? Suspense.

Darell. Darell était donc le responsable de ces sexys cicatrices (a). Je ne pouvais m’empêcher d’à la fois lui en vouloir, et d’un autre côté le remercier. Je supposais qu’Adam avait du souffrir pendant toute sa jeunesse sous les coups de cette brute. Ces marques étaient la première chose que j’avais vue, cette nuit-là, dans le bus. J’étais ensuite tombée sur ses yeux, pleins de détermination, mais qui cachaient quelque chose d’autre. Un mystère dangereux, mais un mystère excitant. Je ne voyais vraiment pas ce que j’aurai fait si je ne l’avais pas suivi. J’étais fière de l’avoir fait. Alors je pouvais remercier Darell. C’était égoïste, je m’en rendais compte. Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, non ? Je caressai sa joue, et me hissai jusqu’à sa bouche pour m’en emparer. Il secoua la tête. Je savais qu’il ne voulait pas en parler, je pouvais le lire dans son regard. Je lui souris. Adam commença lui aussi à me savonner. Je frissonnai sous ses mains expertes. Il me rinça puis déposa du shampooing sur sa tête. Je le shampooinais alors avec précautions. Il changea de conversation. Il me demanda si j’avais parlé à Sam. Je ne répondis rien. Je me contentai de lui rincer les cheveux. J’arrêtai l’eau. J’ouvris le rideau et enjamba la baignoire pour en sortir. Avec un frisson, je marchai sur la pointe des pieds jusqu’à l’armoire. J’en sortis deux serviettes. J’enroulai la première autour de mon buste, puis repartis vers Adam pour lui donner la deuxième. Je coinçai la serviette pour ne pas qu’elle tombe. J’enlevai l’élastique de mes cheveux pour refaire mon chignon. Je m’assis sur les toilettes, croisant les jambes.

« Oui, enfin pas tout à fait. » Dis-je enfin. « Je ne sais pas où il a été cherché que tu étais le père de Maddie. Maddie est une très bonne amie à moi, elle le garde lorsque je pars en mission. Elle n’a pas de père, enfin si. Mais elle ne veut pas le connaître. Je ne sais pas comment il en arrivé là. Bref. »

Je marquai une pause. Maddie avait bel et bien un père. Le choc que j’ai eu lorsque j’ai vu que son père était en fait mon patron, Rob. Elle lui en voulait parce qu’il était parti avant sa naissance. J’en étais presque à croire maintenant qu’il avait fait exprès de la faire entrer dans ma vie. Il n’allait pas tuer sa propre fille si jamais elle était au courant d’une quelconque organisation liée au gouvernement. Je me gardais bien de dire tout ça à Adam. Je soupçonnais son agacement à chaque fois que mon statut d’agent revenait sur le tapis. Et puis j’appréhendais toujours sa réaction quant au fait que son fils est surveillé par une adolescente de même pas dix-sept ans. Même si David était toujours dans le coin, cela pouvait peut-être dur à avaler.

« Je ne lui ai pas encore dit. Je voulais que tu sois là. Je crois que je lui ai un peu embrouillé l’esprit là. »

J’eu un petit rire.

« Je lui ai dit que son père allait rentrer à la maison, ce qui est presque vrai. Tu ne t’es pas encore installé, mais j’espère que ça ne saurait tarder. »

Je souris. Je me levai. Je m’approchais de lui. Je posai les mains sur ses hanches, juste au-dessus de la serviette qui lui encerclait la taille.

« A ce propos… »

Je me mordis la lèvre. Mon regard était malicieux.

« Je sais que ça ne fait pas longtemps que nous sommes à nouveau ensemble, mais… »

Je soupirai.

« Cinq ans c’est très long. Trop long. »

Je relevai les yeux vers lui pour soutenir son regard.

« Je ne veux pas tourner autour du pot. Je ne veux plus qu’on se sépare. Je te veux pour le restant de mes jours. Je veux qu’on forme une belle et grande famille. Je t’aime et je pourrais me tuer si je te perdais à nouveau. »

J’eu un petit rire à nouveau.

« Désolée d’être si… Tragique. »

Le shampoing coule le long de mon visage, sans s’arrêter. Je sens l’odeur du gel mais reste les yeux fermés. L’eau glisse sur mon nez puis sur ma bouche. J’attends un son, une parole, mais rien. Je ne sentis alors plus rien, l’eau s’était arrêtée de couler. J’aurais bien continué ce trip mais elle en avait décidé autrement. J’attends, n’ouvrant toujours pas les paupières, une réaction, mais toujours rien. Elle ouvre le rideau et je passe une main sur mon visage. Mes yeux se rouvrent, elle était sortie de la baignoire. Je sors ma tête de la douche, je la voie enfiler une serviette. Elle se retourne, je sors. J’accueille une serviette qui m’était apparemment destiné et la regarde se poser sur la cuvette des toilettes. Elle croise la jambe, et s’explique. Sexy comme façon de faire. Elle s’embrouille, m’embrouille un peu avec sa phrase. Oui ou non, finalement ? Je m’essuie la peau, commence par les bras, puis le torse, je descends jusqu’aux jambes et ce qui les entourent, puis remonte jusqu’aux cheveux. En un rien de temps, j’étais quasiment sec. Séchage rapide, Adam’s way. Je rigole à sa remarque qui suivit. Elle avait un peu embrouillé tout le monde là, à vrai dire. La réponse était donc non. Elle préférait ma présence à ses côtés quand le moment viendra. Je suis d’accord avec ça, même si ce détail me faisait flipper un peu. J’entoure la serviette autour de ma taille, puis l’écoute parler pendant un petit moment, assis sur le rebord de la baignoire. Au bout d’un moment elle se lève et vient me tenir les hanches. Je lui tiens un sourire espiègle. J’attends la suite de sa phrase, dans un soupir.

« Cinq ans c’est très long. Trop long. »

En effet, pensais-je tout bas. Je ne dis rien mais hoche la tête, un sourire en coin. Cinq ans c’est trop long. Elle fixe ses yeux ronds sur les miens puis me déclare une nouvelle fois son amour. Son désir d’avoir une vraie famille. J’avais moi aussi ce désir. Pas depuis autant de temps qu’elle, puisque ma découverte de Sam était encore fraiche, mais ce sentiment de proximité naissant avec lui, avec elle, me faisait rêver d’une vie à trois sans encombre, pour le restant de nos jours. Elle se dévoilait complètement, en m’avouant son incapacité à me perdre à nouveau. J’en suis heureux. Non pas de son mal-être possible, mais du fait qu’elle s’ouvre à moi, de plus en plus. Elle conclue. Rien de tragique là dedans, juste de l’amour. Je m’approche d’elle encore un peu et pose mon pouce sur sa lèvre, comme pour la forcer à arrêter de parler. La suite de ce geste avait été différente tout à l’heure, elle sera encore autre dans un instant. Trop se dévoiler tuait le mystère. Je sais, moi qui demandais des explications et qui ordonnait la fin des mystères, j’en redemande…Oui et non. Il fallait entretenir le charme, garder une once d’inconnu entre nous deux. Sinon, tout est joué d’avance. Je glisse mon pouce sur sa joue, en la caressant, quand elle se tut enfin. C’était à moi de parler, maintenant.

« Personne ne va mourir…personne ne va partir. »

Je l’embrasse longuement, en l’attrapant par la nuque, comme j’aimais tant le faire. Quand j’eus finit d’explorer sa bouche moite, je m’éloignai d’elle, ôtant ma serviette pour finaliser mon séchage. Je frotte ma peau en parlant.

« A ce propos… »

Je finis une nouvelle fois par mes cheveux, les ébouriffant bien ce qui rendait le tout presque comique.

« J’ai contacté mon agent immobilier pour ma maison… » Je tends le petit doigt et le gigote dans mon oreille droite, en penchant ma tête, par réflexe. « …Savoir le prix qu’elle vaudrait, à la vente. »

Elle était désormais au courant de mes plans. Inutile de lui cacher, maintenant. C’était une décision à prendre ensemble après tout. On est une famille.

Je fus encore un peu étourdie par son baiser. Je regardais Adam se lever de la baignoire, et s’éloigner pour se terminer son séchage. J’admirai la vue alors qu’il ôtait sa serviette. Je ne me séchais pas tout de suite. Je laissai l’humidité s’évaporer toute seule de mon corps. D’ailleurs j’allai ouvrir la fenêtre qui se trouvait entre la baignoire et le lavabo pour faire rentrer un peu d’air. Il ébouriffa ses cheveux et me regardait en souriant. Je ris légèrement. Ses cheveux en bataille me faisaient toujours rire. Je l’écoutai attentivement. Il voulait vendre sa maison. Mon sourire s’accentua. Cela voulait dire qu’il avait l’intention de rester ? Je ne bougeais pas, me contentais d’étirer mes lèvres, mais j’aurais très bien pu réagir comme notre fils aurait pu le faire. Sauter partout, crier comme une petite folle tellement j’étais heureuse. Je m’approchai de lui et l’entourai de mes bras, posant ma tête sur son épaule.

« Oh, mon amour. Tu veux rester vraiment ? »

Je le serrai encore un peu plus fort. Puis je me reculai légèrement. Je le regardai malicieusement. Il était nu en plein milieu de la salle de bain, sa serviette sur une épaule. Il ressemblait à un de ces athlètes grecs, un peu comme ceux qui étaient représentés en statue au musée d’Athens. Il était vraiment bâti comme un dieu. Je me mordis la lèvre inférieure. Sans prévenir, je le poussai légèrement en arrière, en riant, et le chatouillant, le poussant jusqu’au lit dans ma chambre. Ou devrais-je dire notre chambre maintenant. Je riais toujours lorsque nous tombions sur le lit, sur la couette moelleuse encore ouverte. Je roulais sur le côté et mes yeux fixèrent le plafond. Ma serviette était légèrement ouverte avec l’atterrissage. Je défis le nœud que j’avais fait un peu plus tôt. Je me mis sur le côté, contre Adam, puis me redressai. Je passai une cuisse sur son ventre, puis me retrouvai à le chevaucher. Je posai ma tête contre son épaule, et fermai les yeux. Au bout d’un petit moment, je les rouvris. Je déposai un léger baiser sur sa barbe naissante, puis me redressai. Je me contentai de le regarder pendant un moment. Une de mes mains posées sur son torse remonta jusqu’à sa joue gauche. Je retouchai ses cicatrices du bout de mon ongle. J’eu un petit sourire.

« Je les aime tes cicatrices. Une des nombreuses choses que je trouve très sexy chez toi. »

Je décalai mon doigt vers ses tâches de rousseur, puis sur ses lèvres.

« Comme tes tâches de rousseur, que je n’avais pas vu il y a cinq ans. Et celles sur tes lèvres. »

Je me baissai pour y déposer un léger baiser.

« Ou tes yeux, dont je n’arrive pas à trouver la véritable couleur. Parfois bleus, parfois gris. J’aime la façon dont tu me regardes avec. »

Je me libérai de son étreinte pour descendre du lit. Je me dirigeais vers le dressing. Je mis un shorty et un soutien-gorge sans bretelles en dentelle et satin de couleur chair. Je revins dans la chambre.

« Et si on invitait ta mère pour le barbecue demain ? » demandai-je avec un sourire malicieux. « Et David, mon voisin. Et Madison aussi. Tu pourrais les rencontrer comme ça. Et on pourrait apprendre à ta mère qu’elle est grand-mère, non ? »

J’eu un petit rire.

« A ce propos, on devrait peut-être descendre… »

Ma voix se perdit dans l’air. J’avais hâte de parler avec Sam, mais une part de moi l’appréhendait encore.

Elle connait évidemment la réponse à ma question. Bien sur, j’allais rester, sinon je ne lui aurais pas dit tout ça, sinon je n’aurais pas pour projet de vendre ma maison actuelle. Je ne réponds pas à sa question une nouvelle fois rhétorique. Elle comprend ma réponse dénuée de mots et se colle contre moi. Je pose ma main sur ses fesses cachées par sa serviette. Je penche ma tête et laisse le vent sorti de la fenêtre entrouverte glisser sur mon visage. Je ferme les yeux un instant, profite du moment, l’air me sèche la peau un peu, revitalise mon bonheur nouveau. Je pense à tout le chemin psychologique que j’ai fait pour arriver à ce moment. Il ne fallait pas gâcher la moindre seconde par des doutes et des peurs. Ca y est, j’ai ce que je voulais. Une femme –enfin pas encore- qui m’aime, un enfant qui regarde la télé en bas. Pas de quoi me plaindre. Je la sens s’éloigner un peu, me mater comme une œuvre d’art. Je le sens dans ses yeux. Son regard me gène un peu, mais je ne bouge, ne réagis pas. De ses yeux bleus, elle me transporte jusqu’au lit. Elle me contrôlait complètement. Jamais personne n’avait réussi à franchir la barrière qui se hissait toujours entre moi et les autres. Comme tous les êtres un peu touchés dans leur estime plus tôt, j’avais réussi à me créer une armure, l’entourer autour de moi pour éviter d’être touché physiquement et moralement par mes sentiments. Eve me l’avait percée, enlevée, et avec ça, je suis sienne pour le restant de mes jours. Nous sommes sur le lit, elle me refait le coup du chevauchage. Première étape, elle se met sur le côté, m’enlace comme elle le peut. Ensuite elle se relève en s’appuyant sur mon torse ferme. Elle me chevauche enfin, je sens son sexe chaud sur le mien, je frissonne un peu. Elle pose sa tête contre mon épaule et me lance des compliments. J’affronte ce supplice, rougissant un peu. Je n’aimais pas les compliments, mais venant d’elle, elle pourrait m’insulter de vieille pute allemande j’en sourirais. Je ressens les mêmes choses qu’elle à son égard, mais me sens trop flatté pour répondre. Elle me surprend à se lever d’un coup. Je reste allongé un peu, pendant qu’elle s’habille. Je lève ma tête comme je peux pour apercevoir un bout de sa chair encore nue. Je la vois rentrer à nouveau dans la pièce. Elle me parle de ma mère, je me lève presque d’un bond. Je la laisse poursuivre sa requête pendant que je vais chercher de quoi me rhabiller. J’enfile rapidement mes affaires toute propre d’il y a une heure à peine. David, Madison. Que des noms encore inconnus pour moi.

« Oui bah écoutes, ça fait du monde à connaitre d’un coup mais je vais bien devoir les rencontrer un jour, alors pourquoi pas… »

Je le souris. Pendant que je parlais, elle avait préparé la fin de sa phrase, et la lança une fois la mienne finie. Madeline, grand-mère, elle ne pouvait pas rêver mieux. Je lui souris même si j’appréhende déjà les gloussements de ma mère quand elle apprendra la nouvelle. Elle ne faisait pas dans la demi-mesure, rappelons-le. Et puis agrandir la famille, elle allait sauter de joie.

« Je pense qu’elle sera ravie d’apprendre la nouvelle » Dis-je dans un sourire moqueur.

Je ris un peu avec elle mais elle me remet vite les pieds sur Terre. Ah oui, avant d’en informer ma mère, commençons déjà par le dire au petit. C’était primordial. Je déglutis un peu, la laisse remettre mon col correctement. Puis l’embrasse sur le nez. Je reste proche de son visage.

« Oui…j’espère qu’il va bien le prendre… »

J’espérais un petit peu de réconfort avant de partir au front. Elle le connaissait mieux que moi après tout…

Adam acceptait de rencontrer tout le petit monde qui gravitait autour de moi. Vraiment petit. Ma famille, mon voisin, la « baby-sitter » de Sam. Ca n’allait pas plus loin. Tout d’un coup, cela passerait peut-être mieux. Quoi qu’il n’y avait aucunes raisons pour que cela se passe mal… J’imaginais déjà ma maison remplie demain. Jamais je n’avais reçu autant de personnes en même temps. Etonnement, j’avais hâte. Je voulais voir cette maison remplie de nos enfants, qui courraient dans le jardin, allumeraient la demeure de leurs rires et leurs pleurs. Bizarre. Avant je ne me serais jamais vue avec un enfant. Et maintenant j’en voulais tout une ribambelle. En même temps j’avais trouvé l’homme parfait, ça devait certainement aider dans mes réflexions. Je lui souris pour toute réponse et partis dans la salle de bain récupérer ma robe de ce matin. Je l’enfilai et lorsque je me redressai, je vis Adam qui entrait dans la salle de bain pour s’habiller à son tour. Je m’approchai de lui. Son col n’était pas bien mis. J’aimais lui remettre son col ou lui réarranger sa cravate. Je sentis ses lèvres sur mon nez. Je fermai les yeux et mon sourire s’accentua. Je rouvris les yeux, il me confiait ses craintes. Ma gauche remonta vers sa joue. Je posai mes lèvres sur les siennes.

« Ne t’inquiètes pas. Cela va bien se passer. »

Je me décalai et me rendis jusqu’à l’armoire. Je déposai un peu d’Heure Bleue sur mes poignets et sur ma gorge. Je posai ensuite les serviettes sur le bord de la fenêtre, pour qu’elles sèchent un peu. Je pris enfin sa main, après avoir pris le nécessaire au pansement de Sammy, et nous descendions tous les deux. Arrivés en bas, je lâchai sa main, et entrai dans le salon. Je m’assis à côté de Sam. Adam de l’autre côté. Il me regarda et plongea vers moi, à la recherche d’un câlin. Je souris malicieusement à Adam.

« Sam, je ne vais pas pouvoir faire ton pansement si tu colles ta tête sur mon ventre. »

Je ris légèrement et il se retira. Délicatement, j’enlevai le bandage de la veille. Toujours aucun signe mauvais. Bien. Je remplaçais donc le pansement. Je déposai un baiser dessus.

« Tu vas avoir une belle cicatrice, comme Adam. »

Encore une fois, je souris à Adam. Une belle complicité commençait à s’instaurer entre nous. Sam se hissa pour se mettre debout sur le canapé et allait toucher en souriant la cicatrice d’Adam. Il se mit à rire bêtement. Je l’attrapai par les hanches et le tirai contre moi. Il s’assit sur mes cuisses. J’approchai ma tête à sa hauteur.

« Sammy, Adam et moi avons quelque chose à te dire. Tu te souviens que je t’ai dit que ton papa allait revenir ? »

Il hocha la tête. Il avait l’air perdu. Le pauvre.

« Et bien, en réalité, c’est Adam ton papa. »

Je me mordis la lèvre inférieure, guettant sa réaction. J’avais l’air sure de moi, mais en réalité, je n’avais plus aucune confiance en moi. Il mit un instant avant de répondre. Je déglutis. Je fermai les yeux. Je sentais le corps de Sam se hisser à nouveau. J’ouvris les yeux, il se tenait debout, de dos, devant moi.

« Tu es mon papa ? Pour de vrai ? » Demandait-il à Adam. Je me sentais rassurée. Au moins, il ne le prenait pas mal. Sam était vraiment un merveilleux petit garçon. Il tenait ça de son père.

Tout va bien se passer. Je la crois. Cela n'empêche tout de même pas mon coeur de battre à la chamade. Un moment dur à passer, c'est tout. Et puis ça se trouve, il le prendrait bien. Sam avait l'air d'être un petit bonhomme calme et enjoué, alors pourquoi pas ? On s'entendait bien, maintenant. Et puis tous les gamins de son age voudrait avoir des papas sympa qui leur donne des sucreries. Personellement mon père me comblait donc pas de problème à ce niveau là mais certains enfants à son âge aimeraient que leur oncle, que l'ami de leurs parents, avec qui ils s'entendent bien, soit leur père. Ca en demande pas beaucoup un enfant, juste de l'amour, des calins et des bonbons. J'ai ça en stock. Mon visage s'eloigne du sien. Je la regarde se mettre du parfum sur les zones hérogènes de son corps. Les effluves de son parfum arrivent jusqu'à mes narines. J'inspire cette odeur qui me met en mémoire nos instants intimes. Bizzarement, ce parfum me rappelle aussi de moins bons souvenirs. Lors de son départ de Londres, cette odeur avait hanté mon esprit pendant des semaines. Mes sinus avaient mis du temps à s'en remettre mais petit à petit, cet arôme disparu de mon quotidien. Je ne sentais plus que la pollution et la transpiration des voyageurs du metro londonien. J'acceuille donc cette senteur exquise, avec désir et jouissance.

Nous descendons les escaliers et je la sens toujours. Je me remémore rapidement l'ancienne Eve, la nouvelle Eve. Peu de choses avaient changées en elle. Beaucoup de choses avaient changés avec elle. Nous nous dirigeons directement vers le salon, ma gorge se noue. C'est bientôt l'heure. Je m'assied à côté de mon fils, elle en fait de même. Je regarde un peu la télé pendant qu'ellle lui change son pansement. Bob l'Eponge, the débilos. Je tourne ma tête quand je le sens se relever sur le canapé. Il pose son doigt minuscule sur l'une de mes cicatrices. Et oui, toi aussi tu en a une pareille, sauf que c'est ta maladresse qui te l'a fait subir, non pas les poings de ton frère. T'as de la chance d'être fils unique, petit. Il rigole, et je m'empêche de rougir. J'y arrive, pour une fois, et souris à mon tour. Eve le chope sur ses cuisses. Le moment fatidique aproche, mon rythme cardiaque s'accentue. Elle annonce la couleur. Son papa allait revenir...il était déjà là. Il est un peu perdu, hoche simplement la tête. Je fixai sa touffe blonde un moment puis deposa mon regard sur Eve, quand elle dit enfin la phrase magique. Elle ferme les yeux pendant que je continue à fixer son visage. Elle avait l'air paniquée. Tout allait bien se passer, non ? Samounet se remet debout, et se tourne vers moi. Il me surprend, je rougis un peu.

« Tu es mon papa ? Pour de vrai ? »
Je ne dis rien, encaisse sa réaction positive, puis reprend mon souffle.
« Pour de vrai... »

Là je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. C'était un enfant surprenant en fin de compte. Allait-il crier « j'ai un papa, j'ai un papa » pendant deux minutes au milieu du salon, ou allait-il me renier en me disant que je puais du bec ? Je serre les dents. Il plonge dans mon ventre, et m'enlace le bassin.

« J'ai un papa » dit-il doucement, la voix un peu cachée par mon polo.

Je regarde Eve à nouveau. Tout s'était bien passé finalement. L'emotion affluait en moi, je la controle. Elle aussi. Mais quelle belle image d'ensemble. Je le caline, caressant doucement le dos de son crane. Je suis papa.

Je regardais le papa et son fils enfin réunis avec satisfaction. Je m’approchais d’Adam et de Sammy, entourant Adam de mon bras, alors que Sammy était toujours en train de câliner son père. Ma main joignit celle d’Adam sur la tête de notre fils. Je relevai les yeux vers ceux d’Adam. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire. J’approchai ma tête de la sienne et l’embrassa doucement sur le coin des lèvres. Je caressai doucement la base de ses cheveux, au niveau de sa nuque. Ils étaient doux. Je sentis Sam qui se relevait. Il nous embrassa tour à tour sur la joue. Puis s’assit sur les genoux de son père pour continuer à regarder la télévision. Mon sourire se fit un peu plus espiègle.

« J’espère que si on a d’autres enfants, on n’en viendra pas à leur annoncer que tu es leur père lorsqu’ils auront quatre ans. »

J’eu un petit rire, souhaitant qu’il ne prenne pas mal la fin de ma réplique. J’espérais qu’il avait compris le sous-entendu dans ma remarque. Ma main quitta sa nuque pour atterrir sur sa joue. Je la touchai légèrement du bout des doigts. Je me sentais tellement bien, là, Adam qui soutenait Sam sur ses genoux. J’avais presque peur de me réveiller en sursaut et réaliser que tout cela n’était qu’un rêve. Je secouai la tête. Autant en profiter, si c’était un rêve. Enfin si ce n’était qu’un songe, je réagissais quand même beaucoup physiquement. Je ressentais au plus profond de ma chair chaque contact que nous avions tous les deux. Inutile de préciser tout le plaisir ressenti la veille au soir. Très réel quand même, pour un rêve. Non il était bel et bien là. Je souris encore. Je n’avais pas spécialement envie de regarder les dessins animés, mais je restais quand même, profitant de cette belle image, de nous trois enfin réunis. Mon téléphone sonna, me tirant de mes pensées. Je me levai et me dirigeai à la cuisine, après avoir embrassé chacun des mes deux hommes. J’attrapai mon téléphone et m’assis sur la table de la cuisine.

« Allo ? »
J’eu un petit rire.
« Eve ! Figure-toi que j’ai réussi à voir les jumelles ce matin ! »
« Quel exploit. »
Étonnant qu’elles ai osé mettre un pied en dehors de leur chambre avant midi un samedi.
« Des soldes chez Bendels. »
Ah tout s’explique. Je roulai des yeux avec un sourire. (cf gif (a) )
« Et ? »
« Elles veulent absolument venir demain ! A la minute où j’ai prononcé ton prénom, elles ont dit oui. Enfin c’est Rose qui a dit oui, mais tu les connais. »
J’entendis son rire lourd à l’autre bout du fil. J’éloignais un instant le combiné de mon oreille. Je n’aimais pas vraiment son rire. En tous cas pas à proximité de mon oreille comme ça. J’attendis que cela se calme.
« Et Emma ? »
« Emma est d’accord, elle a hâte de revoir sa petite sœur et son neveu ! »
« Elle vient avec Bluebell et Reagan ? »
« Oui. Fais attention à toi ma chérie. »
Je fronçai les sourcils. Elle avait certainement d’autres chats à fouetter mais, hum, pourquoi me dire ça ?
« Maman, s’il te plait n’amène pas de confiture. »
Trop tard, elle avait raccroché. Je soupirais.

Je revins à la porte du salon.

« Bonne nouvelle! Toute la petite famille Mason vient demain. Je reviens, je suis à côté. »

Je m’approchais du canapé, embrassant le haut du crâne de Sam. Puis je m’emparai des lèvres d’Adam qui prolongea le baiser. Je souris lorsque je me libérais de son emprise. Me voilà en route pour la porte à côté. Je sortis de la maison et empruntai le petit passage qui conduisait chez David. Nous nous connaissions depuis l’université. Je toquais à la porte-fenêtre de derrière. Personne n’avait l’air d’être à la maison. Ou alors, il dormait, ce qui était bien plus probable. J’allais donc à l’autre bout de la terrasse. Contrairement au commun des mortels qui aurait tendance à cacher une clé sous le pot de fleur, j’avais conseillé à David de la mettre un peu plus haut. Je montais donc sur la petite murette, et attrapai la clé cachée dans une des bras en métal du store. J’ouvris la porte et entrai dans le salon. Le carrelage froid vint me rappeler que j’étais pieds nus. J’allais jusqu’à la cuisine. Je farfouillais dans les tiroirs pour y trouver un papier et un crayon. Je lui laissai l’invitation, espérant qu’il l’aie avant demain. Je repartis en direction de ma demeure, après avoir remis la clé à sa place. Je rentrai dans la cuisine. J’appellerai ou texterai Maddie un peu plus tard. Je retournai dans le salon.

« Sammy, nous avons une petite surprise pour toi, en ce qui concerne cette après-midi. Cela va te plaire, j’en suis sûre. Adam, est-ce que ça te dirait de m’aider ? »

Test réussi. La version bêta du papounet que j’étais était en mode de transition. Une toute nouvelle version de papounet allait être disponible à la vente d’ici peu. Elle m’enlace, lui également par la même occasion. Câlin général. Je n’en revenais toujours pas, j’avais un fiston. C’est comme si j’avais appris la nouvelle en même temps que lui. Il l’avait bien pris, certes, mais c’est parce qu’il ne comprend pas encore tout. Il n’a pas besoin des détails, pour le moment. Le blondinet se lève et vient embrasser ses deux parents coup sur coup. Qu’il est mignon. Il vient se poser sur mes genoux. Je le laisse faire. Mon premier baptême du feu. Qu’est ce que j’ai à faire ? Rien, tant mieux. J’accompagne son regard et suis un peu les aventures de Bob et Patrick mais Eve me coupe dans mon élan de jeunesse. Sa remarque se veut un peu moqueuse à la base. J’aurais pu mal le prendre mais ce ne fut pas le cas. Je comprends le plus important dans son message. Si on a d’autres enfants…Et oui, on est encore dans l’âge de procréer. Je n’aimais pas les enfants uniques. Il fallait lui faire un petit frère, ou une petite sœur. Par principe je n’ai jamais voulu me fiancer à qui que ce soit mais mes sentiments sont si unique que même le mariage, que je trouvais stupide jusque là, deviens un but futur envisageable et attendu. Mais on est encore loin de ce genre de préoccupation. Si on cumule l’ancien et le nouveau temps passés ensemble, on est sorti ensemble que pendant deux mois. Deux mois c’est court. Mais intense, j’ai envie de dire. Ses doigts de fées frôlent ma joue, je me sens bien. Le dessin animé s’achève quand le téléphone sonne. Elle s’éloigne de nous. Je le regarde, regarder son émission pour enfant. Il me fascine, cette capacité à rester calme et positif malgré les situations même les plus gênantes. Nous restons là, à fixer la télévision pendant qu’elle parle au téléphone. Elle revient, nous annonce que sa famille vient au complet. Je retourne ma tête vers elle.

« D’accord…. »

Elle me dit qu’elle s’en va à côté. Les voisins quoi. Depuis deux semaines je n’ai pas vu une seule bouille du voisinage. J’attends qu’on l’entende sortir, me refocalise sur mon fils. Il me devance.

« Maddie sera là demain ? »
Je penche ma tête au contour de ses hanches pour le voir.
« Oui, elle sera là… »
« Youpiiii »

Qu’avait-elle de si particulier cette jeune Maddie ? C’était une jeune femme ou une vieille dame ? C’était sa gouvernante ou sa nounou à temps partiel ? On le découvrira demain. Je tremble mes jambes pour le faire réagir, il rigole, j’ai enfin son attention.

« Viens, on va voir ce que ta mère est en train de faire »

Il trépigne d’impatience et cours vers la fenêtre. J’avais un peu douté au moment de designer Eve devant lui. Je n’allais pas encore appeler Eve, Maman, devant lui. Pas encore. Je la désignais comme sa mère et non comme ma femme. Je le rejoins, fais semblant d’enquêter sur elle, en rodant, ma tête sous le rebord de la fenêtre. Seuls mes yeux espiègles demeuraient actifs. Nous la voyons à peine, pied nus, ressortir de la maison. Je me précipite vers le canapé du salon, il me suit. On entend la porte claquer quand nous reprîmes nos positions initiales. Il était comme quand elle s’était absentée. Il reste sérieux, assis dos à moi, je lui fais chut d’un doigt sur la bouche. Elle arrive vers nous, devant la porte. Il y eut un léger silence durant lequel Sammy pouffa de rire dans le vide. Mais quand « maman » annonça les futurs plans pour la famille, le petit rebondit de sur mes genoux pour descendre de là. Je savais déjà c’était quoi, mais fais comme si de rien était. Elle me demande de l’aide, je fais signe à mon fiston de rester bien sage ici puis suis Eve jusqu’à la cuisine. Je m’accoude alors au plan de travail.

« Alors, de quoi as-tu besoin ? » dis-je en souriant.

A manger ? A nettoyer ? Quoi ? Qui ? Où ? Comment ? Je suis tout ouïe.

Je commençai à sortir de quoi faire des sandwichs dans le frigo. Je sortais un peu tout ce que je trouvais. Je déposai tout sur la table. Je sortais le pain de mie qui rejoignit le reste des provisions sur la table. Je m’approchais d’Adam.

« Que dirais-tu d’un petit moment de complicité avec ton fils ? »

Je secouai la tête, roulant des yeux, riant à moitié. Le ton que j’avais employé était vraiment ridicule, un peu comme ma phrase. Je l’embrassai sur le coin des lèvres.

« Il ne s’est pas brossé les dents. Tu l’accompagnes ? J’aurai encore besoin de toi après. »

Je lui souris alors qu’il allait chercher Sam. Je laissai toutes mes provisions sur la table et descendis à la cave chercher la glacière. Je tombais sur ma robe d’hier soir, qui avait laissé une auréole trempée sur les escaliers. Super. Je ramassai la robe, et m’assurerai après de nettoyer les marches. Je mis une machine en route, la robe était la première à tomber dans le tambour. Je me dirigeai ensuite vers la cave. Je trouvais la glacière rouge très facilement. Je remontai jusqu’à la cuisine. Je posai la glacière au sol, mais fus totalement découragée. Je ne savais pas réellement quoi faire. Je soupirai. Avec découragement, je sortis un couteau et m’assis à la table. Je repensais à ce que j’avais dit à Adam dans le salon, avant de répondre au téléphone. Il n’avait rien dit. Parfois, j’avais du mal à savoir ce qu’il pensait. Peut-être était-ce trop tôt pour se poser des questions sur notre futur ? Sur notre famille ? J’avais vraiment du mal à établir le temps depuis lequel nous étions ensemble… Deux semaines ? Deux mois ? Cinq ans ? Je crois que je me prenais trop la tête, pensais-je alors que commençai à beurrer une tranche de pain de mie. Je fus tirée de mes pensées un peu brutalement. Je sentais la présence d’Adam derrière moi, son parfum, si subtil était-il, arrivait à se faufiler jusqu’à mes narines. Je fermai les yeux, posant délicatement mon couteau.

« Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure. »

A quoi je m’attendais ? Je ne savais pas trop. Peut-être qu’il était temps qu’on mette les choses au point. Qu’on se mette d’accord sur certains point de notre relation. Je soupirai.

Du pain de mie, du jambon, du beurre, un bocal de cornichons, de la charcuterie, du thon, de la mayonnaise,… Elle avait donc besoin de mes talents culinaires pour préparer les sandwichs. Elle s’approche. Je me questionne sur le sens de sa réplique. Parlait-elle de notre future escapade au zoo ou d’autre chose ? Elle m’avait lancé cette question d’une façon si étrange que j’avoue que je ne sais pas quoi en penser. Je grimace un peu, elle révèle enfin le but de son étrange intervention. Ah, bah faut le dire plus tôt. J’avais donc pour but de tirer mon enfant de devant la télévision et de le monter afin de le faire se laver les dents ? Je retrousse mes manches. C’est une première mission de taille pour Super Daddy. Je crois qu’elle avait juste envie d’éviter cette mission afin de remplir les sandwichs, c’était plus simple en effet. Pour une espionne, elle fait le petit bras, là xD

« Je reviens… » Lui dis-je en déposant un baiser sur sa joue avant de sortir de la cuisine.

Ma cape invisible flotte derrière mon dos. Je marche vite jusqu’au salon. Comment m’y prendre ? Voix autoritaire, éteignage de télé illico et chopage de blondinet, sans discussion possible ? Non, je n’allais pas faire le cow-boy alors que ça faisait à peine dix minutes que je suis son paternel. La jouer cool ? Mouais, faut bien lui faire comprendre que c’était nécessaire à sa santé et à son bien-être. C’était les règles en plus, et j’étais désormais aussi là pour les faire respecter. J’entre dans la pièce et la télévision est éteinte. Je fronce un sourcil. Il est sur le canapé et m’entends arriver, il se retourne alors. Il ne dit rien, attends que je vienne à sa rencontre. Je m’approche de lui, le questionnant du regard. Il me tend les bras. Il a entendu Eve parler dans la cuisine, d’ici ? Ou avait-il réellement une horloge dans la tête. Un peu plus de dix heures, c’est l’heure de la brosse à dents, et il se plie à la règle sans même dire un mot. Quel formidable petit. Mes lèvres s’étirent en un sourire franc et rassuré. Je le prends par les aisselles et le porte par les jambes sur moi.

« Allez viens mon grand, on va nettoyer ces belles dents… »

Il me montre son sourire, et ses dents de lait. Je rigole, lui aussi. C’est ce qu’on appelait en effet un moment de complicité. Il reste dans mes bras jusqu’à la dernière marche des escaliers, puis se rue dans la salle de bain. Lui, il devait avoir un dentifrice au fluor. Alala, ce fameux dentifrice me rendait fou, petit. J’aurais pu manger tout le tube. Pourquoi les dentifrices d’adultes ont tous le gout de menthe en fait ? Encore un avantage d’être un enfant. On a le droit d’avoir un dentifrice bleu qui vous donne envie de vous brosser les dents six fois par jour. Je le rejoins dans la salle de bain. Il cherchait à l’évidence quelque chose. Je veux intervenir mais il trouve son objet caché. Un petit tabouret en bois d’une vingtaine de centimètre de hauteur. Les pieds sur son estrade miniature, il avait une hauteur idéale. J’ouvre le placard/miroir. Il pointe du doigt sa brosse et son tube de dentifrice. Je lui passe, il se débrouille comme un petit chef. Comme un grand, il étale le gel sur sa brosse et effectue ses mouvements une fois le tout dans sa bouche. Je le laisse faire, le regarde au cas où il fait ça qu’à moitié mais il excellait déjà dans son exercice. Je suis fier de mon fiston. Il finit, se sers un verre d’eau, et secoue l’eau dans sa bouche, avant de la recracher dans le lavabo. Il se tourne vers moi, je montre mon sourire pour qu’il en fasse de même. Parfait. Je lui range tout son pack et le redescend de l’étage sur lequel il était monté. Je mets une jambe à terre pour être à son niveau et lui essuie les coins de sa bouche, encore avare de dentifrice. Je lui ébouriffe les cheveux. Nous redescendons les escaliers, main dans la main, puis nous séparons au pied de celui-ci. La télévision allait se rallumer dans 3, 2, 1, voila, c’est fait. Accro celui là. Je reviens dans la cuisine. Eve avait à peine commencé la préparation des casses croutes. Je lui câline le dos, elle pose son couteau sur la table. Elle me fait remarquer que j’ai oublié de répondre à sa question tout à l’heure. Je tique un peu. Je n’avais pas vu le besoin de réponde tout à l’heure, et ne comprenait toujours pas l’intérêt d’y répondre maintenant.

« C’était une question ? » Dis-je un peu naïvement.

Pas de chances qu’elle oublie et qu’on change de sujet, hein ? Je serre les dents. Je n’aimais pas ce genre de conversation qui n’était pas indispensable en soi.

« Je n’ai pas répondu tout simplement parce qu’on a encore tout le temps d’y penser… »

Je me détache de derrière elle et viens à ses côtés. Elle avait l’air bizarre. Je me tourne vers elle, la contemple de profil.

« …Cela ne veut pas dire pour autant que je n’en veux pas d’autres… » J’arrive à lui faire tourner son regard, ses yeux posés sur les miens. « D’accord ? » Dis-je tendrement en caressant sa joue.

J’attends un sourire. Quand il vint je chopai son couteau puis piocha deux tranches de pain de mie du sachet. Je fais glisser une noisette de beurre dessus et étale le tout. Je cherche le jambon, le trouve dans son emballage, caché dans le sachet venant de la boucherie du coin. J’en dépose un bout dans mon sandwich, étale un peu de mayonnaise par-dessus. Je coupe un cornichon en deux et dispose mes deux bouts sur le dessus, et finit la préparation en fermant le tout avec l’autre tranche de pain restante. Je lui tends mon sandwich, lui souris bêtement.

« Ta-da… » Ajoutais-je en souriant de plus belle.

Et je reproche deux autres tranches. Le travail à la chaine, j’adore ça, tant que c’est avec des gens que j’aime. Et là en l’occurrence je suis bien entouré…

Je sentis le contact de la main d’Adam sur ma joue. Je lui fis un petit sourire. Bien sûr, cela me faisait plaisir qu’il en veuille d’autres un jour. Mais je crois que là n’était pas la question. Toute cette histoire était vraiment compliquée et me donnait mal à la tête. Je regardais Adam concentré dans la confection de son sandwich. Lorsqu’il eu fini, sa façon de dire Ta-da m’arracha un petit rire. Il le dit presque de la même façon que Wall-E à Eve, la voix métallique en moins. Je ne savais pas vraiment si Sam était en âge de comprendre toutes les subtilités de ce dessin animé, en tous cas, c’était l’un de ses préférés. Comme moi. Je me levai et attrapai du papier aluminium rangé dans un placard. Je le mis sur la table et en coupai un morceau pour qu’Adam puisse emballer son sandwich dedans. Je repartis dans un autre placard et cherchai une tasse, j’avais mis celle de tout à l’heure au lave-vaisselle. Je me servis un autre café, dans lequel je n’ajoutai rien. Je me mis contre le plan de travail, dos à Adam, fixant un point imaginaire à l’horizon. Je n’avais pas envie de gâcher ce beau moment, ou en tous cas ce moment plutôt heureux. Mais en même temps, je sentais qu’il était plus que temps qu’on se mette au clair avant de se confondre encor plus. J’inspirai profondément.

« Je suis contente, dans ce cas, que tu veuilles d’autres enfants avec moi… »

Et encore, ce n’était qu’un euphémisme. Savoir qu’il voulait d’une famille avec moi me fera sourire jusqu’à la fin de mes jours. Brusquement, je me retournai. Je posai la tasse à mes côtés sur le plan de travail, après en avoir bu quelques gorgées. Les dents serrées, je me forçai à ne pas sourire. Mais le regarder faire un nouveau sandwich m’arrachai un nouveau sourire. Je tentai en vain de le réprimer. Je baissai la tête. J’attrapai ma tasse et revint m’assoir à ses côtés. Je posai ma tasse sur la table. Enormément de questions résonnaient dans ma tête. J’avais envie de me la taper contre le mur, pour que tout cela s’arrête. Pourquoi donc tout devait être compliqué avec moi ? Pourquoi étais-je si peu douée pour les relations ? Je secouai la tête.

« Adam… » Commençai-je, les yeux dans le fond de ma tasse. Puis je tournai enfin le regard vers lui. « Depuis combien de temps sommes-nous ensemble pour toi ? Deux semaines, deux mois ? »

Je me mordis l’intérieur de la lèvre, comme je savais si bien le faire. J’avais de nouveau baissé la tête.

« Oh tu dois sûrement me trouver chiante à me prendre la tête comme ça. C’est que j’ai du mal à comprendre tous ces petits points compliqués dans notre relation. »

Je marquai une pause, soupirant.

« Comment te dire ça ? Hum… Je suis certaine que tu es le bon pour moi Adam. J’en ai l’intime conviction au fond de moi, et tous ces petits signes ne trompent pas. Le fait que je sois tombée enceinte, le fait que tu t’appelles Adam et moi Eve, le fait que sans le savoir j’habite là où tu es né… Je ne sais pas comment je dois me conduire. Je sais que j’ai dit que je voulais que l’on prenne notre temps. Et bien je suppose que je ne le veux plus maintenant. »

Je fronçai les sourcils.

« J’ai bien peur d’être une femme compliquée… »

Je relevai la tête vers lui.

« Je ne dis pas tout cela juste pour justifier ma question. C’est pour tout le reste aussi. J’ai besoin de savoir quand le bon moment arrivera pour parler de certaines choses tous les deux. »

Lesquelles ? Honnêtement, là, mon cerveau totalement englouti dans la masse de questions qui tournaient et retournaient dans ma tête, je n’en avais aucune idée. Ma main s’était égarée sur son bras nu et le caressai doucement. Il allait me détester si je continuais à nous prendre la tête comme ça.

« Je suis contente, dans ce cas, que tu veuilles d’autres enfants avec moi… »

Je souris. Sa phrase aurait pu servir de fin à cette conversation étrange et pas vraiment nécessaire. Mais je sus en lisant sur son visage qu’elle était loin d’être finie. Ma bonne humeur commence à se dégrader un peu, mon sourire se faisait de plus en plus fade. Je commence à la connaitre un peu. Elle clame mon nom, doucement. Je tourne ma tête vers elle. Je n’avais plus très envie de sourire, de rire. Et comme prévu, elle alimente la discussion d’une autre question fâcheuse. Ou pas. Ce n’était pas la question qui me dérangeait, mais plus sa façon de me le demander, et son humeur surtout. Je ne réponds pas. Je sais exactement quoi lui dire, mais je vois où tout cela allait, et ça ne me plaisait pas. J’espérais naïvement qu’en esquivant sa question, elle allait se résoudre à ne plus en parler. Mais c’est à croire que je ne la connaissais pas encore assez bien. Elle murmure dans sa tasse quelques mots. J’ai l’impression qu’elle cherche à compliquer la situation. En revanche, j’aurais bien aimé savoir pour quelle raison. On était enfin une famille, sur le point de consommer notre plaisir d’être ensemble en partant au zoo. Et là elle se complique la tête pour des détails ? Je ne peux pas l’ignorer cette fois ci.

« Eve… » J’attends qu’elle me regarde. « …Ne cherches pas la petite bête s’il te plait, je n’aime pas cela… » Je lève mes yeux au ciel. « Regardes tout ça, regardes nous, on est une famille, pourquoi chercher plus loin que ça pour l’instant ? Ne nous complique pas la tâche… »

Mon ton n’était pas grave, mais elle devait comprendre que tout cela m’exaspérait. Je n’aimais pas qu’on me force à réfléchir sur des choses comme celles-ci. Je n’étais pas doué pour les relations, et encore moins pour la parlotte. Pourquoi ne pas me dire qu’elle veut d’autres enfants avec moi et puis basta ? Pourquoi j’étais toujours obligé d’être confronté à tant de sérieux. Être un couple ne voulait rime pas avec se prendre la tête, pour moi. Pour elle, si. Pour toutes, si. Je l’avais pourtant prévenue, ma dernière petite amie m’en demandait trop. Me mettait au pied du mur, et à chaque fois je ne répondais pas, l’ignorais, et c’est ça qui a cassé notre couple, de toute façon plus qu’inutile à mes yeux. Je ne voulais pas qu’une chose pareille arrive avec Eve. Le fait qu’elle soit la femme de ma vie ne changeait pas les choses. Si elle continue je vais me recroqueviller et couper chacune de nos discussions, par peur de passer par la case prise de tête, décision et ultimatum en tout genre. Je n’allais pas partir d’ici pour autant, même si cela devait arriver, j’avais une vie désormais, une famille, mais il ne fallait pas qu’elle ne gâche mon plaisir à la vivre, cette vie de famille. Pendant que je plonge dans l’inquiétude, elle me fait un petit monologue, de choses que je savais déjà. Je ne lui en veux pas de me dire tout ça, au contraire. Mais je n’y voyais pas d’utilité. Pour moi, notre promesse de prendre notre temps était brisée depuis un bail déjà. Depuis que je sais que je suis papa.

« J’ai bien peur d’être une femme compliquée… »

J’ai bien envie de lui dire que moi, je suis tout l’inverse. Que si les choses pouvaient être simples tout le temps, j’en serais plus que ravi. Que si ce genre de conversation n’existait pas, ça me ferait une belle jambe. J’ai bien peur d’être un homme tout ce qu’il y a de plus basique. Pensais-je tout bas. Mais j’ai peur qu’en lui sortant une phrase aussi sarcastique, je ne fasse qu’attiser le feu. Je soupire. Encore une fois je crois que la conversation se termine là-dessus, mais elle en rajoute une couche. Dans deux minutes je me lève et franchis la porte d’entrée pensais-je bêtement. Je ne le fais pas voir, mais j’en avais vraiment marre de tout ce blabla. Je tente de lui sourire alors, après sa tirade finale, mais n’y parviens pas. Légèrement démoralisé, je lui parle à voix basse.

« Eve ne… » Je secoue la tête dans le vide. Vraiment inutile tout ça. Je fixe son regard à nouveau. « Ne te prends pas la tête comme ça…vivons notre nouvelle vie au jour le jour, on parlera de ces choses là en temps voulus, veux-tu ? » Lui dis-je en accrochant sa main au passage.

Mon sourire reviens, mais ne va pas s’éterniser si la conversation continues sur ce chemin là.

Je voyais très bien l’agacement d’Adam. Et je le comprenais presque. Je pouvais vraiment me conduire de façon étrange avec Adam. Jamais je ne parlais de moi, en tous cas pas autant. J’étais quelqu’un de très mystérieux, presque timide. Et voilà que je voulais tout raconter sur ma vie à Adam, je voulais qu’il sache tout ce que j’avais dans la tête. En effet, j’étais très compliquée. Peut-être étais-je parce que je voulais tout savoir de lui. Je me mordis l’intérieur de la lèvre, à nouveau. Je n’aimais pas le contrarier. Je ne voulais pas me prendre la tête, mais pourtant je le faisais. Soupirant, je détournai le regard de ses yeux qui me fixaient. Je ne voulais pas y voir une quelconque ombre de sentiment négatif dans ses yeux.

« Tu n’aimes pas vraiment quand je parle… » Observais-je.

Je me remis à la confection de mon sandwich. Je suivis le même modus operandi qu’Adam. Je l’emballais ensuite dans le papier aluminium. Il devrait y avoir le bon nombre de sandwichs maintenant. Je me levai et les mis dans la glacière. J’étais loin d’être énervée par Adam, je l’étais par moi-même. Je rangeais ensuite tout le reste de la nourriture dans le frigo. J’en sortais des bouteilles en verre de coca et deux bouteilles d’eau, qui rejoignirent les sandwichs. Le frais était prêt. Je m’assis à nouveau, mais cette fois-ci sur un autre banc. Je tentai de retrouver le sourire. Je parvins enfin à regarder Adam, levant vers lui des yeux à moitié tristes. Je notais dans ma tête de ne plus parler de moi comme ça. Ca me gênait légèrement, j’avais tellement de choses que je voulais lui dire. Mais il ne voulait pas les entendre. En tous cas, pas maintenant. Cela me gênait car lorsqu’il sera prêt à parler pour entendre ces choses, elles auront plus un goût de réchauffé qu’autre chose.

« Désolée. Vraiment. Je ne voulais pas t’ennuyer avec ça. »

Je pinçais les lèvres. J’allais oublier tout ça très vite. Ce n’était vraiment pas grand-chose. Je regardais la pendule. Il était passé dix heures. Nous allions bientôt partir. Je me relevai, allant chercher quelques bonbons et gâteaux dans le placard. Je m’approchais d’Adam et l’embrassai sur la joue. Je lui pris la main, et l’entraînai vers le salon. Je lui fis signe de faire doucement. Nous nous approchions de notre fils, qui était assis sur le canapé. Encore. Je baissais la tête jusqu’à la sienne, et je pris un air autoritaire.

« Encore en pyjama ? »

Il fut surpris. Il se retourna vers moi, et voyant ma tête sérieuse, il se mit à pleurer. Il devait certainement croire que c’était une bonne journée et qu’il n’y avait aucunes raisons de se fâcher. Bon, demain, j’arrête les blagues vaseuses. Je me précipitais vers lui, le prenant dans mes bras.

« Désolée mon chéri. » Je me tournai vers Adam. « On peut dire que c’est pas mon jour. » J’eu un petit rire, caressant la tête de Sammy.

» It's been about five years now... [Adam & Eve]
» Right Here Waiting - Adam & Eve.
» Night & Day. Adam.
» The Perfect Family Portrait [Adam, Eve, Sam]