Time for some explanations - Adam & Eve.

Je me laissais faire. Je le laissai m'embrasser doucement, me dire qu'on devait plutôt se focaliser sur le temps qu'on devrait passer ensemble, avec Sam. J'eu un sourire lorsqu'il prononça ces mots. Il voulait passer du temps avec nous, il me le confirmait. Je profitai du contact de sa bouche sur la mienne. Chaque fois qu'il me touchait, qu'il était près de moi, non seulement mon coeur battait un peu plus fort, mais je ressentais également des zones de mon corps qui se mettait en éveil. J'avais la chaire de poule. Avant Adam, je n'avais jamais pensé ressentir ça un jour. Je me sentais revivre. Il me chuchota à l'oreille qu'il serait prêt à tout pour moi. Puis il me fixait de son regard sérieux. Je constatais que nous faisions un petit pas de plus dans notre relation. J'aurai voulu me blottir contre lui, prolonger ce petit moment calme et serein. Mais il me demandait de le laisser s'occuper de Darell, et comme si je n'avais pas le droit d'intervenir, il s'éloigna de moi. Il sortit une tasse du placard. Je m'attendais à ce qu'il se prépare un thé, mais non, il remplit sa tasse de lait qui était resté sur la table. Il mit la tasse au micro-onde. J'avais compris ce qu'il faisait. Adam était resté un enfant au fond de lui, et parfois ces côtés enfantins ressortaient. Comme le ketchup à midi, ou l'ice-tea chez sa mère deux semaines plus tôt. Ce n'était que deux exemples pris au hasard. J'aurai pu en citer une dizaine d'autre dans le même genre. En revanche, il y avait beaucoup de point où il était un adulte. Je ris intérieurement à la pensée perverse qui me vint à l'esprit. Ce matin-même par exemple... Je me retournai et ouvris un placard près du frigo. J'en sortis le nesquick que Sammy utilisait parfois. Avec un sourire, je le posai sur la table. Le micro-onde sonnait la fin du réchauffement de la tasse. Adam la sortit du micro-onde et la posa sur la table. Je posai ma main sur la sienne, comme pour l'arrêter. Je lui fis un sourire malicieux.

« Promets-moi que vous n'allez pas encore vous battre. »

Je le laisse faire son mélange. Puis je l'entraînais dans le salon. Je voulais qu'on passe du temps tous les trois, comme il l'avait suggéré. Je le laissai s'assoir sur le canapé, près de la petite table, pour qu'il puisse poser sa table lorsqu'il aura fini. Je me mis à ses côtés. Puis j'intimai à Sammy de venir se mettre sur le canapé avec nous. Il ne se fit pas prier. Il aimait regarder la télévision à côté de moi, la tête posée sur mes jambes repliées. Je me blottis contre Adam, et Sammy en fit de même vers moi. Je caressai ses cheveux blonds. Je me tournai vers Adam et l'embrassai doucement dans le cou. Lorsqu'il eut terminé sa tasse, mon autre main vint se caler dans la sienne.

« Tu ne m'as pas demandé pourquoi il était blond. »

Mes yeux étaient maintenant rivés vers le gros bonhomme vert à la télé. J'aimais bien ce film. Heureusement que je ne le regardais pas cents fois avec Sammy, sinon j'en aurais eu marre xD. J'allais lui révéler mon dernier secret, mais qui avait le mérite de ne pas être grave. Je lâchai sa main, puis pointais du doigt ma chevelure châtain foncé.

« En fait, je teins mes cheveux depuis l'âge de quinze ans. Depuis que je suis arrivée en Amérique en fait. »

J'eu un petit rire. Je ne lui avais jamais dit plus tôt, je n'en avais pas vraiment eu l'occasion. Je regardai l'heure sur le terminal du satellite. Il était pratiquement 16H. Le film était presque terminé. L'heure d'aller goûter approchait.

« Quand j'étais petite j'avais les cheveux aussi blond que lui. » Je marquais une pause. Le générique de fin commençait. « On va goûter? »

Sammy se leva d’un bond. J’eu un petit rire. Je ne pouvais pas en dire autant pour moi. Mes jambes étaient légèrement endolories par mon absence de mouvement et la petite tête blonde posée sur moi. Je me décollais d’Adam et étirai mes jambes sur le canapé. Foutu jean slim ><. Je me remis assise, mes pieds touchaient maintenant le sol. Sam réclamait un câlin en tirant ses bras vers moi. Il n’avait pas l’habitude de m’avoir pour lui tout seul –ou presque– pendant un jour de semaine. Je le pris dans mes bras. Je tournai la tête vers Adam avec un sourire.

« Il aime les câlins. »

Dis-je simplement. Je me levai, reposai Sam par terre, et il courut vers la cuisine. J’eu un petit rire. Adam se relevait lui aussi. Nous nous retrouvions l’un en face de l’autre, très proches. Je passai mes bras autour de son torse. Je tournai la tête vers la cuisine. Sammy fouillait dans un placard, certainement à la recherche de son coussin. Les bancs étant particulièrement bas, et la table particulièrement haute, Sam avait besoin d’être surélevé. Je lui avais donc acheté un coussin, pas trop mou, pour qu’il puisse être à la hauteur de la table. Le coussin était vert clair, une grosse tête de grenouille dessinée dessus. Il l’avait choisi lui-même. Maintenant il allait falloir l’aider à monter dessus. Je posai mes lèvres sur celle d’Adam, puis le contournai. Je pris sa tasse vide, et me dirigeai vers la cuisine. J’arrivai à la porte puis me retournai. Je revins vers la télévision pour l’éteindre, ainsi que le lecteur dvd. Adam me suivit alors jusqu’à la cuisine. Je posai la tasse sur le plan de travail, puis soulevai Sammy pour l’aider à s’assoir sur le banc. Il posa donc ses fesses sur la tête de grenouille. Adam demanda comment se déroulait le goûter. Je souris. Je me mis en face de Sam, et posa le bout de mes paumes sur la table.

« Tu vas voir. » Je reportai mon attention sur Sam. « Qu’est-ce que tu veux manger Sammy ? »

Il fit mine de réfléchir un instant. Je savais déjà ce qu’il voulait. Mais je voulais qu’Adam le voie par lui-même. Il posa ses poings sur la table en bois clair, et s’exclama :

« La confiture de …. Mamiiiiiiie ! »
« Ca m’aurait étonné. » dis-je, un poil de sarcasme dans la voix. « Et avec ? »

Il pointa du doigt le Nesquick qui était resté sur la table. Je secouai la tête avec un léger rictus, puis lançai un regard amusé vers Adam. Avant de sortir ce que Sam voulait pour goûter, je me redressai et m’approchai un petit peu d’Adam.

« Et toi, qu’est-ce que tu veux ? La même chose ? Il faut que tu goûte à la confiture de ma mère. »

Je me retournai et me dirigeai vers le frigo. J’en sortis du beurre et un pot de confiture de fraise/framboise. Je sortis également un pot d’abricot, et un de rhubarbe. J’en avais encore deux qui traînaient dans le frigo, une bonne dizaine dans les placards de la cuisine, et peut-être une centaine dans la cave. A chaque fois que ma mère me rendait visite, elle m’apportait bien une dizaine de pots. Je sortis deux tasses du placard, supposant qu’Adam voudrait un nouveau chocolat chaud. Je me retournais vers un autre placard, du quel je sortis du pain de mie. Un tour par la French Boutique s’imposait.

« Assied-toi, je m’occupe de tout. »

Je remplis les deux tasses que je fis chauffer en même temps dans le micro onde. Je les regardai tourner ensemble. La sonnerie me surprit légèrement. Je sortis donc les deux tasses. Je les apportai sur la table, les posai devant les deux hommes de ma vie. Je sortis deux assiettes, pour éviter les miettes. Je m’assis donc à la même place que tout à l’heure. Ma tasse y traînait encore. Je pris deux morceaux de pain de mie. J’en posai un sur chaque assiette. Je mis du beurre et de la confiture fraise/framboise sur chaque, puis refermais les sandwichs par un autre morceau de pain. Je les leur tendis. Ils me remercièrent chacun à leur tour. Je regardai Adam qui était en face de moi.

« Comme tu le sais, ma mère est hôtesse de l’air. Elle part au bout du monde pendant la première moitié de la semaine. Et la deuxième moitié, elle ne fait… rien. » Commençai-je en haussant les épaules sur le ‘rien’. Je continuai : « Pendant son temps libre, elle fait toute sorte de choses. Dont cette confiture. Dans la propriété de mes parents, à LA, ils font pousser des dizaines et des dizaines d’arbres. Elle cueille les fruits et est devenue une pro de la gelée, de la marmelade et de la confiture ! »

Sammy dévora son sandwich bien vite. Je lui en refis un autre. Avant que je le lui tende, il me demanda :

« Qu’est-ce qu’on fait après Maman ? » Je lui souris en lui donnant son nouveau sandwich, que j’avais rempli de confiture d’abricot cette fois-ci. Je m’en fis un à mon tour avant de lui répondre.
« Il faut qu’on aille faire les courses. » Je relevai la tête vers Adam avec un sourire. « Est-ce que ça te dirait de nous accompagner ? »

Sammy attendait aussi impatiemment que moi la réponse d’Adam. D’ailleurs il le regardait avec de grands yeux admiratifs. Je crois qu’il l’aimait bien. Il devait certainement avoir un feeling naturel entre eux. C’est un peu logique, quand on y pense. Mais c’était marrant de voir la réaction de Sam par rapport à son père sans savoir qu’il l’était. Lui annoncer, un jour, qu’Adam était son père s’avérerait peut-être plus facile. Je souris. Adam accepta volontiers. Bien. Adam et Sam finirent leur tasse en même temps. Je voyais Sam impatient de partir. Les courses il adorait ça. Il n’était même pas du genre à faire des caprices chaque fois qu’il voyait quelque chose qui brille. Non, il ne faisait que regarder les rayons, avec un sourire béat. Je ramassais les tasses, les assiettes. Je mis le tout dans l’évier. Je rangeais la nourriture puis attrapai une éponge pour nettoyer la table. Sammy tendait à nouveau les bras. Je l’attrapai puis le posai par terre. Je rangeai son coussin dans le placard. Je me retournai vers Sam. Il voulait encore un câlin. Soit. Je le pris dans mes bras et je le montais dans la salle de bain. Il avait certainement envie de faire pipi. Je le laissai devant les toilettes, puis m’examinai dans le miroir pendant qu’il faisait sa petite affaire. J’avais encore un peu de mascara autour des yeux, qui avait séché depuis mes petites larmes. J’ouvris l’armoire derrière moi. Je mis un peu de démaquillant sur un morceau de coton et enlevai tout ça.

« Finiiii. »

Je tournai la tête vers Sam alors que je fermai l’armoire. Il remonta son pantalon puis le ferma. Il appuya ensuite sur la chasse d’eau. Il couru vers moi. Je l’arrêtai avant qu’il oublie quelque chose. Je le hissai devant le lavabo, pour qu’il se lave les mains. Je devrais penser à lui acheter un escabeau ou quelque chose comme ça, qu’il se lave les mains tout seul. Je le remis par terre. Il s’essuya les mains. J’en profitais pour moi aussi faire pipi xD.

« Sammy, comment tu trouves l’ami de maman ? » J’attendais nerveusement sa réaction. Son avis comptait énormément pour moi, même si de toute façon, je savais qu’Adam et moi nous étions faits l’un pour l’autre.

« Comment il s’appelle ? » Je ris nerveusement, comme pour relâcher la pression. Typical. Il répondait à ma question par une autre question.

« Il s’appelle Adam. »

« Je l’aime bien, il m’a promis des bonbons tout à l’heure. » Je ris à nouveau. Déjà il l’aimait bien. C’était donc ça qu’ils trafiquaient dans la voiture ! Je me levai et allai me laver les mains. Je me mis à sa hauteur.

« Tu l’as mérité, tu as été un grand garçon courageux aujourd’hui. » Dis-je en faisant référence à sa blessure. Je l’examinai un instant, rien d’anormal. « Adam compte beaucoup pour moi mon chéri. Je suis contente que tu l’aimes bien. »

« Il va me donner des bonbons ? »

« Allez viens, tu le lui demanderas toi-même. »

Je me relevai et lui donnai ma main. Nous descendions. Je lui mis ses chaussures alors que nous étions revenus vers Adam. J’allais chercher mon sac dans la bibliothèque, et enfila mes ballerines. J’ouvris la porte et laissai passer Sammy. Il courut jusqu’au portail. Je sentis Adam derrière moi qui me retenait. Il commençait à me parler à l’oreille. Je frissonnai. Je me retournai. Nos regards se heurtèrent. Il continua. Il m’avoua son amour pour moi. Une réaction bizarre se produit en moi. Je me sentis toute faible tout à coup. Mon cœur battait un peu plus fort. Ma gorge se serra. Il m’aimait. Je lui pris la main.

« Oh Adam. » J’en avais presque les larmes aux yeux. Je me collai à lui. Je l’embrassai longuement. J’eu du mal à me décrocher de ses lèvres. Je lâchai ses lèvres, je collai mon front au sien, ma bouche toujours proche de la sienne. Depuis le temps que je voulais lui dire. « Je t’aime aussi Adam. » Je l’embrassai à nouveau. Je fus tiré difficilement de ses bras par Sammy qui criait.

« Mamaaaan, on y va ? »

Je souris à Adam. Mes lèvres tremblaient encore. Je passai mon doigt sur mes lèvres, comme pour y sentir le contact des siennes à nouveau. Je fermai les yeux. Je l’entraînai dehors. Nous nous retrouvions face à face devant la porte, à l’extérieur. Je le contemplais à nouveau. C’était fou comme je me sentais encore plus intime avec lui maintenant. Je remarquai quelques taches de rousseur sur son nez, ses joues et son front. Le soleil californien avait certainement du les faire ressortir. Je mis la main sur sa hanche après avoir fermé à clé.

« Tu veux rester ce soir ? »

Il répondit par l’affirmative et je l’embrassai encore. Puis nous descendions les marches, rejoignions Sam et j’ouvris le portail. J’ouvris la porte de ma voiture, laissai monter Sam et l’attachai à son siège auto. Adam et moi montions à l’avant. Nous filions vers le supermarché.

[…]

Une heure et demi plus tard, -nous avions pris notre temps-, nous revoilà au 197, Golden Meadows. Adam et moi avions pris, discrètement, quelques bonbons pour Sam. Mais je savais qu’il les avait surtout pris en fonction de ses goûts, et qu’il allait en manger autant que notre fils. J’ouvris le coffre et commença à prendre quelques paquets, mais Adam vint vers moi et m’en empêcha. Il voulait s’en occuper. Je secouai la tête en riant. Je l’embrassai et allait extirper Sam de la voiture. Nous rentrions suivi d’Adam, qui fit encore quelques allers et retours vers la voiture. Je lui glissai les clés de la voiture dans la poche de son pantalon, malicieusement. Au bout de trois allers et venus, je l’entendis fermer la porte d’entrée. Je posai mon sac sur la table de la salle à manger après avoir enlevé mon gilet et mes ballerines. Je sortis mon portable. La conversation que j’avais eue avec Madeline me revint à l’esprit. Merde, j’avais oublié de le dire à Adam. Je revins dans la cuisine, et commençai à ranger les courses. Sam était encore dans le couloir, certainement à enlever –difficilement- ses chaussures. Adam ne me rejoignait pas, j’en déduisais qu’il devait l’aider. Je souris. Ils arrivèrent tous les deux, en chaussettes. J’eu un petit rire en remarquant leurs chaussettes assorties. Non, franchement, là, ce n’était pas croyable. Je rangeais une boîte de céréales dans le placard, puis me retournai vers eux.

« Oh, j’ai oublié de te dire, Adam. Ta mère m’a appelé quand j’étais en route pour le lycée. » Je marquai une pause, rangeant des yaourts à la myrtille dans le frigo. « Sa machine à café a rendu l’âme. Tu devrais la rappeler, elle voulait que tu la répare. Mais je pense avoir ce qu’il faut dans le grenier qui pourrait la satisfaire. » Ajoutai-je avec un clin d’œil. Je me tournai vers Sam. « Quand j’ai fini on va prendre le bain ? »

Il hocha la tête affirmativement. Puis se tournai vers Adam. Il lui fit une petite moue boudeuse, celle à laquelle on ne pouvait résister.

« Diiiiis. T'as pas oublié pour les bonbons? »

Je regardais la scène, en spectatrice amusée, je ne bougeais pas d’un pouce. Je laissai tout le film se dérouler devant moi. Un sourire me barrait le visage. Je rangeais les dernières courses alors que Sammy approuvait. Il prendrait sa sucrerie après le bain. J’étais légèrement contre cette idée. Car après le bain venait le dîner de Sam. Et ça ne m’enchantait pas trop qu’il mange du sucré avant le repas. Il me l’apporta, tout content.

« Tu as compris, maman, Adam a dit après le bain. »

J’attrapai la barre chocolatée. Je rangeais la barre, plus le paquet et le paquet de crocos dans le placard.

« Après manger, Sam. Tu sais très bien que je n’aime pas que tu manges des bonbons avant le dîner. »

Je n’eu pas besoin d’être autoritaire, il le comprit. J’avais vraiment un fils merveilleux. Il faisait rarement des caprices et écoutait bien. Je me demandais s’il n’agissait pas comme cela parce qu’il ne me voyait pas beaucoup. Je fronçai les sourcils, puis renvoyai cette pensée là où elle devait être. Ailleurs que dans mon cerveau. Adam s'approchai de moi, son sourire s'était légèrement effacé. Il m'annonça qu'il devait partir quelques temps. C'était à mon tour d'être décue. Je comprenais ce qu'il ressentait lorsque je suis partie en cours. Il m'embrassa la joue, et commeçai à sortir de la cuisine. Je le suivai. Il n'allait pas s'en tirer comme ça xD. Il remettait ses chaussures, devant la porte. Discrètement, j'ouvris le tiroir de la petite table posée là. Je vérifiai déjà que l'arme que j'avais caché là s'y trouvait toujours. Je l'avais scotchée sous la tablette en marbre, personne ne pouvait le voir. J'étais consciente d'avoir des ennemis, je voulais que Maddie soit protégée. Et Sam aussi bien sûr, mais ce n'était pas lui qui allait se servir d'une pistolet. Je sortis du tiroir la clé d'urgence, comme je l'appelais. Adam se relevait. Je m'approchai de lui et glissa les clés dans sa main. Sammy s'approcha et lui réclamait un câlin. Je souris. Adam enlaça notre fils. Lorsqu'il le relâcha, le petit monstre couru je ne sais où.

« Reviens vite. » Je l'embrassai doucement. « Tiens, si jamais tu reviens et que je suis dans la salle de bain, je ne pourrais pas t'ouvrir. Tu peux également la garder, si tu le souhaites. »

Je profitai encore de ses bras pendant quelques secondes. Puis je le laissai partir. Avant qu'il ne franchisse la porte, je le retenais, et l'embrassais encore. « Je t'aime. » murmurai-je avec un sourire. Cette fois-ci je le laissais partir. Je le regardais monter dans sa voiture, puis j'attendis encore quelques minutes à regarder dans le vide. Je me retournai et repartis dans la cuisine. Sam n'y était plus. J'entendis du bruit en haut. Ah il était en train de se préparer pour le bain. Je montais donc les escaliers, après avoir pris mon portable. J'arrivais au premier étage quand Sammy déboula de la salle de bain, nu comme un ver. Il courait vers sa chambre.

« J'ai oublié mon bateau, j'ai oublié mon bateau. »

Évidemment. Je rentrai dans la salle de bain. Je commençai à faire couler un peu d'eau tiède dans la baignoire. Je retirai mon gilet, que je posai par terre avec le reste des vêtements de Sam. J'aurais voulu qu'Adam soit là. J'ajoute un peu de mon gel douche dans l'eau pour faire un peu de mousse. Sammy revint, je le plongeai dans l'eau. Il commençait à jouer avec ses jouets alors que je le savonnais. J'allais ensuite attraper son shampooing, mais il m'arrêta. Il voulait, bien sûr, le mien, celui qui sentait le pain d'épices. Je versai donc un peu de mon shampooing dans ma main, et lui lavai les cheveux. Je le rinçai, puis le laissai jouer dans l'eau pendant une demi-heure. Enfin je le sortai du bain.

« Allez, viens là, petit monstre. »

Je le hissai contre moi, et le reposai par terre. Je l'essuyai doucement, avant de me rendre compte que j'étais trempée à mon tour. Une douche s'imposait je crois.

« Va me chercher ton pyjama. » lui intimai-je avec un sourire.

Je retirai mon pantalon, et sortit une nouvelle serviette du placard pour moi. Sam revint, et je lui mis son pyjama rouge à effigie de Cars.

« Je vais prendre une douche Sam. Tu peux aller jouer. Si Adam revient, tu vas le chercher. Tu lui dis que je suis sous la douche. Après je ferai à manger. »

Je l'embrassai sur la joue, puis il courut vers sa chambre. Je me déshabillai complètement. Sous l'eau qui coulait, je n'entendais plus rien, ou presque. Je restais un bon petit moment sous l'eau chaude. Ma peau était rouge à force de rester sous la chaleur. Je ne savais pas combien de temps avait passé lorsque je décidai enfin de me savonner. J'entendis légèrement la porte s'ouvrir. J'avais du savon partout.

« Adam? » J'attendis un court moment. « Tu peux me rejoindre si tu veux.»

J’entendais les pas d’Adam se rapprocher. Il était juste à côté de moi, je pouvais le sentir. Il déclina mon invitation à me rejoindre. Bon, tant pis. Je pouvais sentir dans sa voix que quelque chose le tracassait. Au moins, je ne devais pas prendre pour moi le fait qu’il ne voulait pas venir. J’arrêtai l’eau le temps de me savonner. J’en profitai aussi pour me shampooiner tout de suite, au moins je pourrais me réchauffer avec l’eau le temps que le masque inclus dans le shampooing pose. Parce que je le vaux bien xD. Je remis l’eau en route pour me rincer. Humpf, j’avais quand même fais couler l’eau pas mal de temps avant qu’Adam arrive. Une fois toute la mousse du gel douche au fond de la baignoire, j’arrêtais l’eau. Je fus surprise par un courant d’air. Je frissonnai. Adam me rassura à propos de Darell en me garantissant qu’il s’en était occupé. Je fronçais les sourcils. D’avoir vu les deux jeunes gens ensemble rien que cinq minutes, les poings fusaient. Adam m’avait promis. Mais tout de même.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Demandai-je, faignant l’innocence. Il ne répondit pas. Je retins un soupir. J’agrippai le rideau à deux doigts et le tirai légèrement pour l’ouvrir. Je passai ma tête pleine de mousse dans l’ouverture et examinai Adam quelques secondes. Sa chemise était ouverte et froissée. J’en étais sûre. Je savais qu’il s’était battu. Je n’étais pas stupide. C’était son frère qu’il ne supportait pas. Il avait les cheveux en bataille, la chemise ouverte et chiffonnée. Quelque chose avait l’air de le tracasser. Je savais détecter quelqu’un qui s’était battu. Je n’étais pas espionne pour rien. Je ne fis pas de commentaires. Il n’avait pas l’air de vouloir en parler, vraiment. Tant pis. Je passai à autre chose.

« Tu veux bien aller fermer la fenêtre de ma chambre ? Il fait plus froid qu'au pôle nord là-dedans. » M’amusai-je, pour détendre l’atmosphère.

Adam s’exécuta. Je le remerciai puis refermai le rideau de la douche. J’attendis encore quelques minutes. Adam revint s’assoir à la même place que juste avant. Je fis repartir l’eau et enlevai toute la mousse que j’avais sur la tête grâce à l’eau qui coulait. J’avais vraiment envie de passer une bonne soirée, loin du lycée, loin de Darell, loin de l’Agence. Juste nous deux, enfin nous trois. Donc je n’allais pas remettre Darell sur le tapis. Je profitai encore deux minutes de la détente provoquée par l’eau puis l’arrêtai. J’ouvris d’un coup le rideau. Adam posa les yeux sur moi puis sur tous les petits jouets de Sam que je n’avais pas enlevé de la baignoire lorsque j’avais décidé de me laver. J’eu un petit rire.

« Non je ne me suis pas amusée pendant la douche ! Tu serais un ange en me cherchant la serviette que j’ai posé là-bas ? » Demandai-je en imitant la fameuse moue de Sammy et en pointant du doigt le porte-serviette sous la fenêtre.

Je frissonnai légèrement. Je ne savais pas trop si c’était l’effet de son regard posé sur moi ou si une fenêtre était encore ouverte dans le coin. J’essorai mes cheveux au-dessus de la baignoire. Il me rapporta la serviette et j’enjambais la baignoire. Je passai la serviette sur mon visage, baillant dedans. Je mis la serviette sur mes cheveux et frottai vigoureusement ma chevelure pour enlever le maximum d’humidité. Puis je l’enroulai autour de mon buste, et coinça l’extrémité au niveau de ma poitrine pour ne pas qu’elle s’enlève. J’essuyai mes pieds sur le tapis au sol, et enfin serrai Adam contre moi. Je l’embrassai en prenant garde de ne pas le mouiller. Je m’écartai ensuite et entreprit de remettre sa chemise en ordre.

« Peu importe ce que tu as fait pour cette histoire avec Darell… » J’époussetai son épaule. C’était clairement inutile. « En tous cas je te remercie. Et promis je n’en parlerai plus à partir de maintenant. »

Je pressai une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes, puis me dirigeai vers l’armoire en face du lavabo. Je l’ouvris et en sortis ma brosse à cheveux. Je les brossai pour les démêler. Mais à peine quelques secondes plus tard, quelques mèches qui encadraient mon visage commencèrent déjà à boucler. Je relevai ces mèches sur le haut de mon crâne. Je déroulai l’élastique enroulé autour du manche de la brosse et attachai mes cheveux en un chignon lâche. Je me décalai légèrement du lavabo et pris la serviette parterre, celle avec la quelle j’avais essuyé Sam. Je posai une jambe sur le rebord de la fenêtre, et commençai à l’essuyer doucement. Je fis de même avec la deuxième. Je sentais le regard d’Adam sur moi, ce qui me fit une nouvelle fois frissonner. J’essuyai ensuite mes bras. Je reposai la serviette sur le porte-serviette pour qu’elle sèche. J’allai vers Adam et lui pris la main. Je l’emmenai jusqu’au lit où je l’assis. Je posai un petit baiser sur sa bouche, puis laissai tomber ma serviette. Je lui fis un sourire et entrai dans le dressing. Les rideaux étaient baissés jusqu’en bas. Heureusement. J’enfilai un shorty et un soutien-gorge noir. J’hésitai quelques secondes puis choisi une petite robe blanche à rayures verticales dans les tons roses et orange. Une sorte de dentelle beige clair recouvrait les bords. VS Pink, qui de mieux pour réaliser ces merveilleuses petites robes ? Je revins vers Adam.

« Voilà le programme. Normalement, Sam devrait manger genre maintenant. » Je lui souris. « Il va regarder certainement Cartoon Network jusqu’à huit heures. Ensuite, il joue dans sa chambre et je lui lis une histoire vers huit heures et demie. Et ensuite dodo ! » J’eu un petit rire. Je me mis sur ses cuisses, le chevauchant, et le regardant dans les yeux. Je le poussai doucement pour qu’il tombe sur le lit. En riant encore, je me laissai tomber sur lui, puis me tournai sur le côté. Je passai ma jambe et mon bras sur lui. Je l’embrassai sur la joue. « Nous pourrions manger lorsqu’il sera couché, si cela te dis. Mais c’est à toi de choisir ce qu’on aura au menu pour dîner. Et tu cuisines. Je ferai le dessert. Qu'en dis-tu ? »

Adam caressait ma jambe. Je fermais les yeux, me laissant aller à son contact. J’aurais pu rester ainsi pendant des heures. Cela me rappelait Londres, encore. Nous restions souvent à ne rien faire, juste à écouter la pluie tomber. Sans rien pour nous ramener à la réalité. Encore un peu et j’allais soit m’endormir, soit lui sauter dessus. Il aurait pu être habillé d’un sac poubelle j’aurais quand même eu envie de lui. Le bruit de la porte qui s’ouvrit me ramenait enfin à la réalité. Sauvé par le gong, si je puis dire… Sammy passait le pas de la porte. Il s’approcha et avec sa moue boudeuse, réclamait qu’il avait faim. Il se frotta l’œil gauche, celui où il avait son pansement. Il avait sommeil. Il traînait un nounours qu’il tenait dans l’autre main. Il était si mignon.

« Sammy ne touche pas à ton pansement. » dis-je doucement. « Il faut que je le change d’ailleurs. »

J’embrassai Adam du bout des lèvres, et descendit du lit. Je m’approchai de notre fils, me mis à sa hauteur, et examinai la plaie. Rien d’anormal. Je le pris dans mes bras et me redressai. Je me tournai vers Adam.

« Tu viens ? » demandai-je avec un sourire.

Je le regardai se lever. Je lui tendis la main alors qu’il venait à ma hauteur. Je relâchai Sam.

« Allez en bas, je vous rejoins. » dis-je malicieusement.

J’entrai dans la salle de bain et attendis quelques secondes, le temps qu’Adam et Sam descendent les marches. Je remis les serviettes sur le porte-serviette et ouvris la fenêtre. Je ramassai ensuite les jouets qui traînaient dans la baignoire. Je les emmenais sur le balcon, et les posais sur un torchon sur la table pour qu’ils sèchent. Certainement dans la soirée je les rangerais dans la chambre de Sammy, à son insu, pendant qu’il dormirait, prenant garde à ne pas le réveiller. Je revins dans la salle de bain, ouvris l'armoire. J'en sortis mon parfum, et déposai quelques gouttes d'Heure Bleue sur mes poignets que je frottai l'un contre l'autre. J'en mis également sur ma gorge et derrière mes oreilles. Je reposai la bouteille et mis un peu de noir autour des mes yeux. Je refermai l'armoire, ramassai les vêtements sales et descendis les marches. J'allai jusqu'au sous-sol, où je mis les habits dans le panier à linge sale. J'ouvris ensuite un placard. Je savais que la machine à café que j'avais acheté lorsque j'étais enceinte était dans le coin. Je farfouillais, poussais des plats, des casseroles. Enfin la voilà. Je n'en avais jamais eu l'utilité. La tenant presque comme un trophée, je refermai le placard et remontai les escaliers. Je débarquais dans la cuisine et posai la machine sur la table. Sam était assis sur son coussin. Adam s'affairai sur le plan de travail. Il était certainement en train de commencer à nous faire à manger.

« Regarde ce que j'ai trouvé. »

Je m'avançais vers lui. Il se retourna et je pointai du doigt ma petite trouvaille. Je n'avais pas vu la machine de sa mère, mais si elle datait de 1967, il y avait fort à parier qu'elle lui ressemblait. Je remarquai qu'Adam avait sorti une boîte de lasagne. Mmmh. J'avais hâte d'y goûter. Sam soupirai fortement. J'allai l'embrasser sur la joue. Puis je sortis du frigo des choux de bruxelles, ainsi que du lard que nous venions d'acheter. En voyant la boîte en plastique remplie de chou, Sam trépigna. Il aimait bien. Etonnant pour un petit garçon de quatre ans. Il fallait croire que je cuisinais bien. Je me rappelais que j'aimais ça aussi, certainement parce que mon père les cuisinait merveilleusement bien aussi. Je sortis une poêle en dessous de la plaque de cuisson et mis le tout dedans. Pendant que cela chauffait, sans matière grasse en plus, je mis la machine à café sur le plan de travail à côté du frigo, là où je posais pas mal de petites choses dont je n'avais pas forcément besoin mais que je préférais avoir à portée. Un peu comme la machine. J'allais la nettoyer, et elle sera prête à partir chez Madeline à tous moments. Je sortis une assiette, un verre et des couverts que je posai devant Sam. Je revins vers Adam. je l'embrassai sur la joue.

« Je vais chercher le vin. »

Je redescendis à la cave. Je ne savais pas comment je me débrouillais pour savoir tout cela. J'avais beaucoup de choses à penser. Mais je savais quels vins allaient avec quels plats. J'étais plutôt bonne cuisinière, j'arrivais à faire manger du chou à mon fils. J'étais plutôt fière de la décoration de ma maison, faite sans même ouvrir un Vogue Living. A vrai dire, je ne intéressais pas aux choses futiles comme la mode. J'aimais les valeurs sûres.La lecture, la décoration du lieu de vie, la cuisine, même le cinéma. J'entrai à nouveau dans la cave. Je n'avais pas une cave à vin digne d'un sommelier, mais j'avais de quoi faire. Je ne buvais pratiquement jamais, enfin jamais seule. Je sortis une bouteille de chianti. Elle avait la bonne température, c'était parfait. Je remontai encore une fois dans la cuisine. Je posai la bouteille à côté de la machine à café. La cuisson des choux et du lard était terminé. Je pris l'assiette de Sammy que je remplis, puis la lui redonnais. J'enlevai la poêle du feu, goûtai la sauce qui cuisait. C'était si bon. Je mis la poêle sous l'eau froide, puis la rangeai dans le lave-vaisselle. J'y mis également tout ce qui traînait dans l'évier. Tout était bien propre. Je jetai un oeil à Sammy.

« C'est bon maman. »

Je lui souris. Je me rapprochais d'Adam.

« J'avais pensé qu'on pouvait mangé dehors. Qu'en dis-tu? »

Je l’aidai à terminer la confection des lasagnes. Je les mis au four, réglant la cuisson grâce aux précieuses informations que me donnait Adam. Je l’embrassai sur la joue, puis portais mon attention sur notre petit monstre. Il avait terminé, il avait tout mangé. J’aurai presque pu remettre l’assiette dans le placard. Au lieu de cela, je m’en emparai ainsi que de tous ses couverts que je mis dans le lave-vaisselle. Je le laissai terminer son verre. Puis il rejoint la même direction que la vaisselle. Je lui sortis ensuite une cuillère et un petit filou à l’abricot. Il l’eu fini en moins de temps qu’il fallait pour le dire. Je sortis enfin la petite gourmandise qu’Adam lui avait promise. Je crois que Sammy avait légèrement oublié. Mais il fut quand même tout heureux de voir la barre chocolatée. Je lui donnai alors. Il nous remercia tous les deux. Une fois qu’il eut terminé, je le hissai de son coussin. Il était sept heures vingt. Je le posai par terre, il ne bougeait pas. Je rangeais son coussin dans le placard, et Sam se posta devant l’évier. Je le hissai à nouveau. Il se lava méticuleusement les mains. Je le reposai ensuite parterre. Il couru jusqu’au salon, où, comme je l’avais prédis, il choisit de regarder Cartoon Network. J’ouvris la porte de la cuisine qui donnait dehors. Je sortis du frigo une bouteille de muscat, ainsi que deux verres du placard. J’invitai Adam à sortir, et je le suivi. Je posai la bouteille fraiche et les verres sur la table, je le laissai observer le jardin. Une grande étendue d’herbe parfaitement tondue étaient parfaitement ombragée par des arbres encore pas mal feuillus pour l’époque. Au fond, un petit chemin menait au « potager ». Je n’avais pas tout à fait le temps de jardiner, alors parfois je laissai mon voisin David le faire à ma place. Nous nous partagions ainsi les légumes qui poussaient. Sur la gauche, j’avais mis une simple balançoire pour Sam. J’avais voulu en mettre une après un arbre mais j’avais peur que l’arbre casse ou quoi. Nous étions encore sur la terrasse, à moitié couverte par le balcon au-dessus de nos têtes. Je fourrai la bouteille et les verres dans les mains d’Adam. Et je tirai la table vers le côté qui n’était pas recouvert.

« Attends, je reviens. Sers nous un verre. Tu verras, c’est délicieux. »

Je rentrai dans la maison. Je ne pensais pas qu’Adam avait déjà goûté à une des spécialités de mon pays. Et quand je disais mon pays je ne parlais pas de la France, mais du pays d’Oc, le Roussillon. Je pénétrai dans le salon, souris en voyant Sammy allongé sur le tapis, la tête posée sur ses mains qui étaient elle-même sur un coussin. J’ouvris une armoire et en sortis une nappe dans les tons rouges/jaunes/roses. Des soleils étaient dessinés dessus par un effet de transparence. Je sortis également quelques bougies censées faire fuir les petites bêtes. Qui sentaient également très bon. Je ressortis de la maison. Adam retirai les verres et la bouteille de la table lorsqu’il me vit avec une nappe dans les mains. Je posai les bougies sur une chaise, et étala la nappe sur la table en fer forgé noir. Je posai ensuite les bougies au centre de la table. Je rentrai à nouveau et attrapai mon sac. Je farfouillai dedans pour y trouver mon briquet en repartant vers la table, et allumai les bougies avec. Enfin je reposai mon attention sur Adam, posant mon sac à main sur la table. Je pris mon verre dans ses mains, le remerciant avec un sourire, et l’entraînai, en le tirant par la main, jusqu’à un banc sur la droite. Je l’invitai à s’y assoir, et posai la bouteille parterre, après la lui avoir pris des mains. Je trinquais en le regardant dans les yeux, sans insister, mais je ne portais pas de toast. Je trouvais ça légèrement stupide. Je me contentai de sourire, puis bu une gorgée du vin. Il était délicieux, parfaitement sucré, ni trop ni pas assez. Il restait en bouche assez longtemps. Un parfait vin d’apéritif.

« Alors tu aimes ? »

Nous restions là quelques instants. Je fermai les yeux, légèrement grisée par le verre que je venais d’ingurgiter. Je n’avais pas mangé depuis le goûter quand même. Je me levai. Il devait bien être huit heures maintenant. J’embrassai Adam longuement, lui promettant que j’allais revenir. Je rentrai et vint à la rencontre de Sam. Il avait déjà éteint la télévision lorsque j’entrai dans le salon. Que me cachait-il encore ? Rien peut-être, il était certainement fatigué. Il fit un câlin à mes jambes xD, puis nous montions tous les deux dans sa chambre. Je l’arrêtai avant qu’il n’entre dans ses appartements. Ah oui, le brossage de dent, devait-il se dire en bifurquant vers la salle de bain. Nous entrions, et je le posai sur le rebord de la fenêtre, près du lavabo. Je lui donnai sa brosse à dents recouvertes de dentifrice. J’allai à l’autre fenêtre et regardai dehors. Adam n’y était plus. Je fronçai les sourcils. Une fois le brossage de dents fini, je retirai le pansement de Sam pour le remplacer. La blessure avait vraiment l’air propre, un beau boulot. Je l’emmenai dans sa chambre, il avait mis Monsieur Patate en plein milieu de la pièce. Apparemment il était en pleine construction de quelque chose. Je lui fis un baiser sur le front, et repartis en bas. Je surpris Adam dans l’entrée avec trois sacs à l’épaule. Ah, voilà où il était passé. Avec un petit rire superflu, n’oublions pas que j’étais très légèrement éméchée, je m’approchai de lui.

« Tu peux les mettre dans la bibliothèque si tu veux. »

Je l’embrassai après m’être approchée de lui. Puis me tapais la tête.

« J’ai oublié le dessert. ><. »

Il était trop tard pour faire ma mousse au chocolat blanc et aux framboises. Avec un petit rire, encore, je trouvais une parade.

« Tant pis, on mangera les framboises sans mousse. »

Je repartis dans la cuisine, supposant qu’il allait m’y rejoindre. Je sortis la salade du frigo, et quelques noix du placard. Je mélangeais le tout dans un saladier. Et voilà l’entrée. Je la posai sur la table de la cuisine. Puis je sortis tout le nécessaire en vaisselle que j’allais poser dehors. A huit heures trente pétantes, je remontais lire une histoire à notre fils. Je ne vis qu’en partant qu’Adam était dans l’encadrement de la porte, qu’il nous avait observés silencieusement depuis un petit moment. Je refermai la porte derrière nous après avoir embrassé Sam. J’embrassai ensuite Adam, puis nous redescendions. Dans la cuisine, je regardai à travers la porte du four. Je n’avais même pas remarqué qu’il l’avait arrêté. Je me tournai vers lui.

« Je pense qu’on peut se mettre à table. »

J’avais un grand sourire, et je sortis de la maison. Je laissai la porte ouverte. Je pris la salade que je posai sur la table. Je nous resservi un verre de muscat. Cette fois-ci j’allais manger un bout avec, tentant de faire disparaître cette impression bizarre en moi due à l’alcool. Certes le vin n’était pas trop fort, mais lorsqu’on avait rien mangé, on croirait boire de la vodka. Je l’invitai à s’assoir et en fit de même.

« La nuit nous appartient. » Dis-je avec un petit clin d’œil, et un petit rire, me rendant compte de ma citation. Enfin nous étions seuls pour le reste de la soirée.

Puisqu’Adam m’avait servi un peu de salade, à mon tour de lui en servir également. J’attendais qu’il s’asseye pour commencer à manger.

« Bon appétit. »

Dis-je doucement. Je plantai ma fourchette dans un bout de salade, et poussai un peu de noix avec mon couteau. J’adorais vraiment. Je prenais mon temps. Je ne parlais pas vraiment. Je ne parlai jamais vraiment beaucoup en mangeant. Nous avions en plus la vue sur le jardin, que demander de plus ? J’étais légèrement éblouie par le soleil. J’attrapai mon sac, et en sortis mes lunettes de soleil. Je les posai sur mon nez, me demandant ce qu’on allait faire après. J’avais plusieurs idées. J’avais envie d’étendre une couverture dans l’herbe, et qu’on regarde les étoiles, main dans la main. C’était certainement ridiculement romantique, mais j’aimais bien, et lorsqu’il s’agissait d’Adam, peu m’importait la ringardise de la chose. Je voulais lui montrer un tas de photos de moi, de Sam. Oh et bien sûr, je voulais être dans ses bras, lovée contre lui, qu’il me fasse l’amour comme il savait si bien le faire. Je fermai les yeux. Je terminai ma salade et posai mes couverts sur le côté de l’assiette. Je me laissai aller dans mon siège, toujours en contemplant la pelouse. Adam avait également fini. Je ne bougeai pas, je voulais qu’on prenne notre temps. Je détestai manger en dix minutes. Au bout d’un moment, Adam se levai et allai chercher les lasagnes. Il revint et s’assit. J’eu un petit rire.

« Tu as oublié le vin. J’arrive. »

L’effet du muscat semblait s’être dissipé. Hum, celui du chianti allait bientôt apparaître… Je rentrai dans la cuisine, relevai mes lunettes sur mon crâne. Je pris un tire-bouchon dans un tiroir et attrapai la bouteille. Je l’ouvris. Le bouchon fit un « plop » sonore lorsque je l’extirpai de la bouteille en verre. Je repris deux verres dans le placard. Je ressortis. Je posai les deux verres à côté de nos assiettes. Je déposai un fond de vin dans le verre d’Adam pour qu’il goûte. Je fis de même avec le mien. Il était vraiment très bon. Beaucoup moins sucré que le muscat, forcément. Il me fit un sourire, je lui remplis donc le verre de moitié. Et fit de même pour moi. Je m’assis, et Adam nous servait les lasagnes qu’il avait confectionnées. J’attendis quelques instants puis dévorai une bouchée. Je fus surprise par le bon goût de la sauce. Bon sang c’était exquis. Même les lasagnes de ma mère n’étaient pas aussi bonnes. Adam était décidément parfait.

« C’est vraiment délicieux Adam. Je n’ai jamais mangé de lasagnes aussi bonnes ! »

Je m’avançai vers lui et déposai un baiser sur sa joue. Puis je bu un peu de vin. Ca me faisait penser… Je devrais inviter mes parents dimanche, après tout, il fallait bien qu’Adam les rencontre un jour.

« Je pense à quelque chose. J’ai vu ta mère et tu n’as pas vu la mienne. » Je ris légèrement. « Si ça te dit, j’avais envie d’inviter mes parents et mes sœurs, dimanche pour un barbecue. Enfin il faut déjà que je leur demande, peut-être ont-ils quelque chose de prévu. »

Je lui souris. Je n’étais pas soumise au même effet qu’avec le muscat. Je soupirai de soulagement. Je n’avais pas envie non plus de finir sous la table, drunk as a monkey, comme disait si bien Mia Farrow dans Gatsby. Je terminai les lasagnes, tranquillement. Je préférais savourer chaque bouchée, qui était vraiment un orgasme pour le palais. Je croisais ensuite mes couverts dans l’assiette. Adam en fit de même lorsqu’il eu terminé. Je posai ma main sur la sienne quelques secondes. Puis je me levai légèrement, et tournai ma chaise vers lui, de façon à être le voir complètement.

« C’est marrant de t’aimer autant sans vraiment savoir des petites informations sur toi, comme ton deuxième prénom, tes allergies, ou même les petites choses ridicules que tu fais lorsque tu t’ennuies… » Je laissai ma phrase en suspens. Je souriais. « Je sais déjà que tu regardes The Wire lorsque tu ne trouves pas le sommeil. J’ai vu les dvd ce matin en rentrant. Et je ne considère pas cela comme stupide. Tu veux du fromage ? »

Lorsqu’Adam tenta de prononcer le mot camembert avec quelque chose qui ressemblait à un accent français, j’éclatai de rire. Premièrement parce qu’il avait vraiment l’air d’avoir besoin de leçons de français. Et je ris encore un peu parce qu’il n’avait pas répondu à mes interrogations. Peut-être devrais-je poser des questions plus précises ou commencer par parler de moi, peut-être qu’il me répondrait… Mon rire s’évanouit dans l’air. Je me levai et allait chercher le fameux fromage dont la prononciation lui échappait. Je pris également une baguette de pain. Le bruit des oiseaux, le vent dans les feuilles, le son au loin des vagues qui heurtaient la plage, tout ça me vint en pleine figure alors que je sortis de la cuisine. J’aimais ces sons. Je me rassis avec un sourire. Je me servis un autre verre de vin, après lui en avoir servi un. Je refusai son invitation à me servir du fromage en secouant la tête.

« Sers-toi, je ne suis pas vraiment d’humeur à manger du fromage. »

J’eu un petit sourire. Bah oui c'est connu, le camembert, ça sent pas bon. xD. Pendant qu’il se coupait un morceau, je sortis une cigarette de mon sac. Je jetais nonchalamment le paquet doré sur la table. Je me remis dans ma position de tout à l’heure, profitant pleinement des courbes de son profil, à bonne distance, alors que j’allumais ma cigarette. J’attrapai mon verre de vin et le sirotai tout doucement, le gardant dans mes mains en faisant tourner le liquide pourpre dans le fond du verre. Je croisais les jambes. Bien calée dans mon siège, mon petit sourire mi-ironique, mi-amusé était toujours accroché à mes lèvres. Je vois que j’allais devoir commencer, puisqu’il n’avait pas l’air de vouloir.

« Mon second prénom est Almería. » Je recrachai la fumée vers ma gauche, prenant soin de ne pas lui en envoyer. « Mes parents et ma sœur étaient vacances en Espagne, à Almería, alors que ma mère était enceinte de six mois. Ils voulaient m’appeler Eve, et ont donc choisi le nom de la ville comme deuxième prénom. J’ai toujours trouvé ça un peu stupide mais j’aime beaucoup le prénom, et personne ne l’a. » J’eu un petit rire.

Je m’arrêtais là un moment. Je bu une gorgée de mon verre, puis le reposai sur la table. Je mis mon coude sur la chaise, et posa ma tête sur ma main, qui accueillit doucement ma joue. J’inclinai la tête. Je n’attendais pas qu’il me réponde forcément dans l’instant. De mon autre main, que je tendis vers le sol, je tapotai la cigarette pour en faire tomber la cendre. Je lançai un regard vers le paquet, et vers Adam par la même occasion. Le paquet était ouvert. Adam avait terminé son fromage. J’eu un sourire.

« Tu sais que j’ai acheté ce paquet la veille de ton arrivée ? » Je souris de plus belle. « D’habitude il me faut deux jours pour le finir. Je ne sais pas pourquoi là il m’en reste encore la moitié. Je me surprends de jour en jour. Je dois dire que tu en es grandement responsable. »

J’eu un autre petit rire. Je relâchai ma tête qui pouvait très bien tenir toute seule. Je la remis droite. Je repensai à notre conversation dans sa voiture, à midi. Il ne voulait pas parler. J’espérai qu’il avait changé d’avis maintenant. Il fallait absolument que je lui montre tous les albums photos que j’avais. Ceux de Sammy, mais les miens aussi. Après tout, j’avais déjà vu toute son enfance par photos interposées lorsque Madeline m’avait invité et m’avait presque obligée, devant un café, à regarder toute la vie d’enfant d’Adam, et par extension, celle de Darell. Je ne l’avais même pas dit à Adam, je me demandais bien pourquoi.

« Tu sais tu n’échapperas pas aux albums photos. Je n’ai pas échappé aux tiens d’ailleurs. » Dis-je malicieusement. « Je t’ai même vu tout nu. » Je guettais sa réaction. J’eu un nouveau rire. « Tu avais deux ans sur la photo. » le rassurai-je. « Oh mais de toute façon, je t’ai aussi vu nu encore ce matin, et tu n’avais plus deux ans. » Ajoutai-je, espiègle.

Tout ce que je pouvais dire, ajoutai-je mentalement, c’est qu’il avait bien grandi xD. Je me gardai bien de lui dire cette pensée, même si je me doutais que cela ne pouvait lui faire que plaisir. Ma cigarette touchait à sa fin, je l’écrasai par terre, puis la jetai dans un pot en terre cuite qui ne servait qu’à ça. Je vidai régulièrement le pot. Ce n’était pas que j’étais maniaque. Mais j’aimais avoir une maison propre, qui sente bon, et dans la quelle on se sent bien. Je finis mon verre, puis rapprochai ma chaise de celle d’Adam. Je repoussai mon assiette et posai mon bras à sa place. De mon autre main, je caressai sa joue.

« Je n’ai aucune allergie. » Recommençai-je, faisant référence à ma question de tout à l’heure. « Quand j’étais plus jeune, j’avais tendance à être mal à l’aise devant des petites bêtes, comme des cafards, des abeilles, tu vois le genre. » Je ris légèrement. « Mais plus je vieillis, plus je pars en mission, plus tout cela me paraît insignifiant. Les petites bêtes ne mangent pas les grosses, c’est le truc le plus débile du monde, mais j’essaie de me le répéter à chaque fois. » Je lâchai sa joue. « Et quand je m’ennuie, et bien, je lis, je décore, je jardine, je cuisine. Ca n’arrive pas souvent, je suis souvent occupée comme tu sais. Oh mon dieu, je suis vraiment une femme ennuyeuse ! J’ai l’impression d’être plus vieille que ma mère ! » Je ris une nouvelle fois.

C’était à son tour maintenant. Et après j’irai chercher le dessert. Et ensuite… Je ne savais pas trop. Mais j’avais quelques idées. Et puis on trouvera bien de quoi s’occuper (a).

Le fait de savoir qu’il n’avait pas de deuxième prénom m’attristait un peu. J’avais tellement eu envie de le savoir, depuis quelques jours la question était restée en suspens dans ma tête. Et puis finalement plus rien. Je ne sais pas comment qualifier l’effet que ça me faisait. Oh mais ce n’est pas grave non plus. Ce n’était pas une affaire d’état. Il m’annonça qu’il bricolait lorsqu’il s’ennuyait. Je ne sais pas pourquoi mais cette révélation m’a fait baissé les yeux vers ses mains. Je les regardais bouger, évoluer dans l’espace. Il avait vraiment des mains presque parfaites. J’avais un peu l’impression qu’il voulait expédier la conversation. En même temps je savais que parler de lui n’était pas vraiment son fort. J’abandonnais alors l’inquisition… Pour le moment. Je commençai à rassembler les assiettes, les couverts. Je n’aimais pas laisser tout cela à l’abandon. Et malgré les bougies, des moucherons commençaient à tourner autour. Je me levai, et le fit poser sa tête sur mon ventre. Je le serrai contre moi. Puis je pris les assiettes. Je laissai les verres, j’avais encore soif. Je pris le plat également, et le fromage. J’emportai le tout dans la cuisine. Je rangerai tout ça dans le lave-vaisselle plus tard. Je revins et m’assis à côté de lui. On était vraiment mal assis là. J’allais lui dire qu’on serait mieux dans le jardin, mais il prit la parole. Je l’écoutai parler de notre séparation. Il serra ma main et j’en fis de même. Je ne savais pas ce que je devais dire. Si je devais le réconforter, me taire… Je n’avais jamais été très douée avec ça. J’avais toujours l’impression de mettre les pieds dans le plat. Je n’ai d’ailleurs vraiment su garder mes amis. Je n’en ai plus beaucoup aujourd’hui. Maddie, mon voisin, Darell, si on veut, et encore. On pourrait peut-être inclure Madeline dans le lot. Cela s’arrêtait là. Je m’entendais bien avec mes collègues mais je détestais cacher des choses aux gens que j’aimais. A part le fait que je suis un agent du gouvernement bien sûr. Il me fit une nouvelle allusion au fait qu’il voulait rester. Je souris. Je sers sa main plus fort, et me levai. Je tirai Adam vers moi pour qu’il se lève.

« Viens. »

Dis-je simplement. Je l’entraînai dans le jardin, après avoir pris le vin et les verres. Je m’assis en plein milieu de la pelouse, et je le tirai une nouvelle fois vers moi pour qu’il me suive. Je nous resservis un verre. Je me tournai vers lui. Je n’avais pas envie de parler de moi, comme ça, juste après ses révélations. Je ne voulais pas paraître égoïste. Mais c’était mieux que de ne pas parler. Je me serrai contre lui.

« Je ne sais pas quoi te dire. A la minute où j’ai pris l’avion, et crois-moi cela ne m’arrive pas souvent, j’ai pleuré. Vraiment. Je savais que j’avais perdue quelque chose de très important, en l’occurrence toi. J’ai été stupide de ne pas avoir cherché à te contacter. Je n’ai plus eu de missions lorsque j’ai appris que j’étais enceinte. J’ai passé mon temps à décorer la maison, à faire les marchés aux puces, à faire les magasins d’antiquaire. Je me suis beaucoup ennuyé. Ennuyé de toi. »

Je marquai une pause.

« Ne t’inquiètes pas pour mes parents. Ils savent qui tu es, par rapport à Sammy je veux dire. Lorsqu’ils ont vu mon ventre rond, j’ai dit la vérité, ou presque. Je n’allais pas leur dire que c’était l’opération du Saint-Esprit. »

J’eu un petit rire, mais je n’avais pas vraiment envie de rire.

« Ils savent tout, à part que je suis une espionne. Ils savent que tu es vraiment important pour moi. »

Je pris une gorgée de vin. Il fallait détendre l’atmosphère maintenant. Vraiment. J’avais vraiment l’impression d’avoir tout plombé. Ses allusions me revinrent en mémoire. Comme tout à l’heure dans la chambre, je le poussais en arrière, doucement, prenant garde à ne pas lui faire mal et à ne pas renverser les verres. Je mis au-dessus de lui. Je l’embrassai légèrement dans le cou. Je me redressai, le regardait avec un sourire, et me mis sur le côté. Je passai ma main sur son torse, dessinant des arabesques imaginaires au hasard, sans même y prêter attention. Je posai ma tête sur ma main, comme pour qu’elle soit à sa hauteur. Nous nous regardions d’une façon très douce.

« Tu sais j’ai un peu réfléchi. Ce n’est qu’une proposition. Ce n’est pas forcément pour maintenant, mais en tous cas sache que j’en ai envie. »

Je marquais une nouvelle pause.

« Si ça se passe bien entre nous, entre toi et Sam, peut-être que… »

Je pinçai les lèvres, comme pour m’empêcher de rire.

« Ce n’est pas que je n’aime pas ta maison, hein, mais, hum… »

Je croisais son regard.

« Ok, je n’aime pas vraiment ta maison. »

J’eu un petit rire.

« Enfin je veux dire, tu n’as qu’une seule chambre. Et Sammy a tout ses repères ici. Enfin bref, si ça te dit, peut-être, qu’un jour, tu pourrais emménager ici ? »

Je guettais anxieusement sa réaction. Oh oui j’y avais réfléchi, depuis le jour où je l’avais revu. Et malgré ce qu’il pouvait penser, j’avais bien l’intention de lui parler de Sammy dans les jours qui venaient, notre fils avait juste, encore une fois, voulu arriver plus tôt. Je voulais tellement qu’on forme une vraie famille.

Je ne répondis pas tout de suite. Je profitais du contact de sa main sur la mienne. Je fermai les yeux. Je nous voyais déjà, tous les trois. Je posai ma tête sur son torse. Le soleil avait disparu, mais la nuit n’était pas encore là. Je n’aimais pas trop ce moment de la journée où l’on commençait à ne plus voir grand-chose. Ma jambe vint se poser sur la sienne. Quelques minutes passèrent. Quand je rouvris les yeux, on ne voyait pratiquement plus rien. Je redressai ma tête. Je posai un baiser juste là où était ma tête. Puis je remontai doucement jusqu’à son cou, son menton, sa bouche. Je m’aidais de ma main droite pour me relever.

« Tu peux venir quand tu veux, tu as déjà les clés. »

Je fixai ses yeux clairs, lâchai sa main qui me tenait pour aller caresser sa joue. Je ne fis pas attention tout de suite à la pluie qui commençait à nous tomber dessus. Je soupirai lorsque je m’en rendis compte. A coup sûr, c’était un orage, il avait fait très chaud pendant la journée. Mes cheveux commençaient à être trempés, on voyait presque à voir à travers la chemise d’Adam (a). Je me relevai alors, attrapait la bouteille. Il en fit de même. Je ne courais pas pour rentrer, j’avais les pieds nus, je ne voulais pas glisser. Encore une fois, je ne voulais pas retourner à l’hôpital. Arrivés à la terrasse, nous étions donc vraiment trempés. J’éteignais l’unique bougie encore allumée. Après avoir donné la bouteille et les verres à Adam, je repoussai la table sous la partie abritée. Je pris mon sac et nous rentrions ensuite à l’intérieur. Les fenêtres étaient ouvertes en haut. Les jouets de Sammy sur le balcon. Merde. Je fermai la porte. Je couru en haut, fermant les fenêtres de la salle de bain, et rentrant les jouets. Ils étaient secs, mais un peu de plus et ils ne l’étaient plus. Je fis tomber le petit bateau qu’il avait été cherché en courant tout à l’heure. Je le ramassai, et attendit quelques secondes, ça va, Sam n’était pas réveillé. Dans dix minutes il allait certainement pleurer parce que le tonnerre l’aura réveillé. Ou pas. La dernière fois, il n’avait rien dit. Maddie avait certainement dû lui expliquer qu’il ne craignait rien… Je haussais les épaules, posa les jouets sur la méridienne sous la fenêtre. J’entrai à nouveau dans la salle de bain, et je pris deux serviettes propres. J’éteignis la lumière et redescendis.

Ma robe collait à mon corps, je frissonnai en entrant dans la cuisine. J’allais tendre une serviette à Adam lorsque je remarquais qu’il avait ôté sa chemise mouillée. Je relevai les yeux vers lui alors que je m’approchai. Nous nous regardions pendant un instant. Un éclair passa et se refléta dans son regard. Le grondement du tonnerre me reposa les pieds sur terre. Je lâchai les serviettes à terre. Des gouttes qui tombaient de mes cheveux passaient devant mes yeux. Ma vue s’embrouilla. Je posai une main sur son torse, me collai à lui, et l’embrassai fougueusement. Je me hissai sur la pointe des pieds pour mieux goûter ses lèvres, sa langue. Je sentais ses mains sur mon corps. Un nouveau coup de tonnerre résonna. J’abandonnai sa bouche, me reculai légèrement. Je ne me sentais pas à l’aise, avec Sammy au-dessus. J’avais peur qu’il descende au même moment. Peut-être que cela ne sera pas le cas. Ou peut-être que si. Je soupirai, ramassai les serviettes qui étaient à terre. Je frissonnai une nouvelle fois. J’allais attraper un rhume ou quoi ? Ma gorge se serra. Je ne savais même pas pourquoi, pour le coup. Je retenais le plus gros des larmes qui montaient, mais une tomba quand même. Je ne pense pas qu’Adam fasse la différence entre une larme et toutes les gouttes qui coulaient de mes cheveux.

« Désolée… »

Il n’en avait rien à faire de mes excuses. Ce n’était pas que je n’avais pas envie de faire l’amour avec lui. Parce que j’avais toujours envie de le faire avec Adam. Mais ce n’était plus Londres. Notre intimité était en danger. Sammy pouvait débarquer à tout moment, et nous surprendre. Je sentais son pouce sur ma bouche. Je déposai un baiser sur son doigt, fermant les yeux alors qu’il m’attirait violemment contre lui. Je ne résistai pas. A la seconde où nos corps se touchèrent à nouveau, j’oubliais toutes mes réticences. Il m’embrassa fougueusement, comme si nous étions de nouveau dans son appartement Londonien où nous avions fait l’amour sans aucune retenue. Mes yeux s’ouvrirent à nouveau alors qu’il caressait mes jambes. Je sentais ma robe remonter jusqu’à mes hanches. Il s’emparait de mes hanches pour me poser sur le plan de travail. Je ne l’arrêtais pas. Je lui laissais totalement le contrôle de tout mon être. J’étais entièrement sienne. Et je ne voulais être à personne d’autre. Il m’embrassa à nouveau alors que je l’attirai contre moi. Sentir tout son désir contre moi fit affluer le sang dans tout mon corps. Je sentais les pulsations de mon cœur un peu plus vite. Je soupirai de désir pour lui. Je voulais mettre fin à cette torture délicieuse. J’ouvris son pantalon, qui glissa jusqu’à ses pieds. Je passai les mains sur ses fesses, à travers son boxer. Puis je l’enlevai complètement, il allait rejoindre le pantalon. Il me regarda, une tension qui bouillonnait s’était instauré entre nous. Il retira mon shorty, se faufilait en moi. Un gémissement sorti de ma bouche, couvert par le son du tonnerre. Je fermai les yeux.

[…]

La pluie se mêlait à la sueur sur nos corps encore remués par notre acte. Nous nous embrassions encore. Puis je le repoussai légèrement. Il était temps que je me rhabille. Avec un sourire, je remontais mon shorty. Je remis en place les brettelles de ma robe et de mon soutien-gorge. Je ramassai les serviettes que j’avais fait tomber tout à l’heure. Nous nous dirigions vers le salon. Avant de nous allonger, je posai la serviette sur le sofa. Je ne voulais pas tremper le canapé xD. Je retirai ma robe, après tout, mouillée, elle était plus inconfortable qu’autre chose. Je caressai son dos du bout des ongles. Je remontai puis descendait le long de sa colonne vertébrale. Mon autre main traînait autour de ses fesses, du bas de son ventre, de son torse. De temps à autres, j’embrassai doucement son cou, là où cela le rendait fou. Ses cheveux mouillés, collés au haut de son front m’arrachèrent un petit rire. J’aimais cette tête. J’aimais toutes ses têtes. J’aimais aussi quand parfois il s’amusait à faire des accents. Ca me revint d’un coup comme ça. A Londres, des fois, il aimait imiter l’accent britannique, aux serveuses du Starbucks par exemple. Il me dit une nouvelle fois qu’il m’aimait. Je remarquais que j’avais la chair de poule. Je relevai la tête de son cou, pour poser mes lèvres sur les siennes.

« Je t’aime. »

Répondis-je simplement. Je passai la main sur sa joue.

« Tu sais, je pense qu’on devrait, si tu es d’accord, le dire à Sammy le plus tôt possible. Si tu te sens prêt. Le courant a l’air de plutôt bien passer entre vous. Je t’avais dit qu’on ne pouvait pas lui résister. »

Je lui fis un clin d’œil. En effet, au bout d’une journée, je voyais déjà que tout se passait bien. Je savais que tout se passerait bien. Sammy l’aimait déjà en plus. Je ne voulais pas attendre. Si on attendait, on allait retarder le moment le plus possible. Il devait savoir. Cela me faisait presque mal de voir Sammy en face de son père sans qu’il le sache.

« Est-ce que maintenant c’est le bon moment pour te montrer des photos ? » demandai-je avec un sourire, faisant référence à notre conversation du matin-même dans la voiture.

J’avais peur qu’il ne veuille pas. Dans un sens, cela pouvait lui faire mal au cœur d’avoir raté tous ces moment et de les vivre par photos interposées. J’allais m’en vouloir à chaque seconde de n’avoir rien fait quatre ans et demi plus tôt. Je me mordis la lèvre. Ne gâchons pas ce précieux moment par des pensées moribondes. Oui, moribondes.